Les Freak Angels ont désormais une toute autre vision de leurs capacités. Ils savent maintenant qu’ils sont immortels, et savent même comment décupler leurs pouvoirs quasi-divins. Mais l’expérience de la mort de Mark, Luke et Arkady leur ont aussi permis d’entrevoir dans un futur possible la place que leur petit groupe peut prendre. Avant que Mark ne se réveille, les Freak Angels se réunissent pour un conciliabule. Vont-ils enfin prendre les bonnes décisions, faire les bons choix ?
Rappelons, si besoin était, que Freak Angels est une série initiée sur le web par l’incontournable scénariste anglo-saxon Warren Ellis et un dessinateur jusqu’alors inconnu, Paul Duffield.
Ces origines expliquent la mise en page singulière de Freak Angels, dont les planches prennent exclusivement la forme de gaufriers de 4 cases. Le trait de Duffield, déjà étonnamment solide en début de série, est devenu bien plus détaillé au fil des pages tout en gardant cette lisibilité et cette clarté propre à son encrage – sa quasi-absence d’encrage, plus exactement. Duffield veut clairement échapper aux contraintes de la publication web qui lui impose cette mise en page des plus simples. Par endroit, les personnages se permettent de déborder de la case, quoiqu’avec une certaine retenue.
Si on imagine bien Duffield content de passer à une série où il pourra mieux explorer les capacités de son média, cette situation est en parfaitement adéquation avec celle des personnages. Leur première tentative de sortir du cadre s’était soldé par la fin du monde. Comment éviter que la seconde ne tourne au drame?
Tome de conclusion oblige, cela discute beaucoup – pendant presque tout le tome, en fait, qui prend à peu de choses prêts la forme d’un huit-clos. Un huit-clos explosif, forcement, étant donné les natures bien différentes de nos douze protagonistes. Car tout le talent de Warren Ellis a justement été de façonner la personnalité de chacun d’entre eux. Même sur autant de planches, avec une narration aussi décompressée ce n’était pas gagné ! La réussite est pourtant totale, et on pardonne bien le surplus de blabla qui emmène le lecteur subjugué vers une conclusion peut être un peu trop ésotérique pour être entièrement compréhensible, mais qui raisonne comme une évidence une fois atteinte.
Ce qui est évident, aussi, c’est l’insolente réussite de cette très belle série. Ellis n’avait pas lésiné sur les risques (quantité de personnages, dialogues crus mais réalistes, dessins confiés à un inconnu rencontré sur son forum – Duffield ne devrait pas manquer de projets à l’avenir et c’est tant mieux). Mais Ellis a plus que réussi son coup. Chapeau !