Résumé :
Cinq ans auparavant, un adolescent de 13 ans a défrayé la chronique en répandant la terreur au travers du pays.
121 morts, 858 blessés issus de ses actes de terrorisme, une pétition pour le condamner à mort, à l’encontre du droit international, a récolté trois millions de signatures.
Toutefois, Katzutaka Nichiya n’est pas exécuté et a été un des premiers à rejoindre le « programme spécial de réinsertion sociale » (SRTP).
Venus des États-Unis, ses résultats sont sans équivalent : tous les criminels qui y ont été soumis n’ont jamais récidivé.
La police s’interroge lorsqu’une idole aux millions de fans, Sela Hiiragi, est victime d’une explosion lors d’un de ses concerts.
Le modus operandi ressemble à s’y méprendre à celui de Nichiya et les répercussions, au fil des jours, de cet acte de violence sont pour le moins préoccupantes.
Notre avis :
Il faut l’avouer, nous avons été totalement bernés par cette nouvelle licence des éditions Kana, difficile d’imaginer, avec les quelques éléments disponibles, un seinen vraiment original, et pourtant !
Fool’s paradise est présenté comme une histoire où les fans d’une idole (de jeunes artistes à la fois chanteurs, acteurs, modèles, populaires et fabriqués par des agences) s’en prennent de plus en plus violemment au criminel qui a intenté à ses jours.
La couverture, certes sanglante, met en avant Sela Hiiragi, produit marketing au look étudié au millimètre prêt, dont on n’a aucun mal à imaginer le monde merveilleux plein de paillettes.
De fait, on est quelque peu décontenancé de découvrir un scénario assez touffu à la lecture des premières planches et le cours de Tatsuya Kudô : un professeur de droit qui présente à ses élèves le SRTP, mystérieux programme de réinsertion sociale appliqué aux criminels mineurs. Le propos prend dès lors une dimension sociale que l’on trouve par exemple dans l’incontournable Battle Royale, où la délinquance et la violence de leur criminalité amènent à appliquer des politiques pénales rigoureuses pour tenter de les endiguer.
Il s’agira donc d’un récit d’anticipation sans nul doute, et peut-être que les choses ne vont pas être si simples.
Effectivement, tout du long de ces cinq premiers épisodes, on trouve un certain nombre de réflexions de nature et d’importance diverses sur notre société contemporaine (la délinquance, la réhabilitation, la Justice, l’industrie du spectacle, etc.).
Le « gentil » universitaire se révèle comme celui ayant encouragé Sela Hiragi à vivre son rêve, et nous découvrons, en même temps que lui, la dimension que la carrière de cette dernière a prise.
Ici, le scénariste, Ninjyamu, amuse et attendrit le lecteur qui peut difficilement, sauf s’il se révèle insensible, ne pas se sentir concerné par le drame qui va se dérouler devant ses yeux : la poupée vivante va se retrouver victime du terrorisme et voir son avenir fortement compromis avec l’amputation de sa jambe droite.
La rencontre entre Kudô et Sadakiyo Ugajin, s’il relève du sketch, relève là encore de la manipulation.
Sachez le, dès à présent, dans Fool’s paradise les apparences sont toujours trompeuses : l’humour omniprésent est toujours contrebalancé par des dialogues qui distillent le malaise.
Les rebondissements à répétitions qui parsèment le déroulement de l’enquête et de l’intrigue n’arrangent rien.
Seul bémol, les graphismes. Le manga est une première œuvre et si on ne peut faire autrement que d’applaudir le scénario, force est de constater que le dessinateur a un style vraiment inégal malgré une véritable bonne volonté (des personnages de styles différents, la mise en scène de situations drôles ou inquiétantes). Le trait est parfois trop neutre ou paraît trop statique.
On espère voir le style de Misao progresser dans les prochaines parutions.
La série au Japon s’est terminée l’année dernière et compte quatre volumes. Kana publiera le tome deux en décembre.
La construction véritablement ingénieuse rattrape très largement le manque de maturité du dessin.
Disons-le franchement, on a adoré ce premier recueil ! Un manga à ne pas rater !