Fées, elfes, lutins parsèment les récits de fantasy. Mais sait-on vraiment d’où viennent ces petites créatures ? Et pourquoi sont-elles perpétuellement associées à la Nature ? Nous avons rencontré Richard Ely et Véronique Barrau, les auteurs de « Plantes des fées et des autres esprits de la nature » paru aux éditions Plume de Carotte pour en apprendre un peu plus sur ce lien entre imaginaire, folklore et féerie…

 

Richard, après le Grand Livre des Esprits de la Nature (Véga) et un Bestiaire des êtres féeriques (Terre de Brume), vous nous revenez avec, une fois de plus, un livre autour des fées. N’avez-vous pas fait le tour du sujet ?

Richard Ely : Non, non et non ! Il me reste d’ailleurs beaucoup de thèmes à explorer dans cet univers de croyances et de folklore qui me passionne. Chaque ouvrage est différent et complémentaire. Par exemple, ici, nous nous sommes attachés aux plantes. C’est un peu le point de vue inverse du Grand Livre où j’allais des fées vers la nature. Ici, notre démarche part de la nature, des plantes, fleurs, arbres vers la féerie.

 

Véronique, qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans ce lien entre plantes et féerie ?

Véronique Barrau : C’est leur univers poétique qui nous entraîne dans des traversées de l’imaginaire où le temps n’a pas de repères. Comment ne pas être fasciné par la magie de la flore ?  La contemplation de leurs couleurs et de leurs formes prêtent souvent à rêver. Regardez comme les fleurs de digitales sont de parfaits couvre-chefs pour le Petit peuple ou comme certains arbres affichent un étrange visage sur leur tronc.
Derrière les pétales ou les branches, se dissimulent des histoires et légendes qui n’étaient jadis des secrets pour personne. Les remettre à l’honneur comme nous l’avons fait dans ce livre, permet d’apporter un autre regard sur la nature, de sensibiliser à l’environnement mais aussi de dépoussiérer le patrimoine légendaire si proche de nous mais souvent méconnu.

 

Richard, on connaît les elfes, les fées, les lutins en général mais ce livre évoque bien des noms…

Richard Ely : Oui, des dizaines ! Chaque plante connaît plusieurs êtres qui lui sont attachés. Prenez par exemple le bouleau. Dans les pays slaves, il y a le Lechy, les Roussalki… En Picardie, les Bocquillons, en Bretagne on y parle des Hommes blancs, en Angleterre, ce sera une main blanche fatale, sans oublier le bois de bouleau qui servait, dans le Grand Nord, à fabriquer les berceaux pour se protéger des esprits mauvais. Tout ça, rien que sur le bouleau, vous pouvez imaginer qu’il y a des tas de choses à raconter pour chacune des plantes que nous croisons tous les jours dans nos parcs, jardins, promenades en forêt, à la campagne… Les champs eux-mêmes sont hantés de créatures extraordinaires. Je pense qu’après avoir lu ce livre, beaucoup de lecteurs ne regarderont plus la nature comme ils le faisaient auparavant. Voilà aussi un peu l’idée, permettre un autre regard, un retour au respect de la Nature comme les Anciens la percevaient… Car c’est dans cette même nature qui nous entoure que sont nés lutins, elfes et fées. La première partie du livre retrace d’ailleurs l’Histoire de ce Petit Monde.

 

Justement, nos lecteurs sont avant tout des amateurs de fantasy, d’imaginaire. A qui s’adresse votre livre ?

Richard Ely: Je suis moi-même un grand lecteur de fantasy, de fantastique. Et justement, ce n’est pas innocent. Je suis parti de ce monde d’imaginaire pour en retrouver les racines. Le Folklore, c’est la source ! A côté de la joie de lire une aventure épique, de découvrir un monde incroyable, imaginé par le cerveau d’un auteur, je trouve ça tout autant jubilatoire de se plonger dans les essais de folklore. D’autant que dans le cas de notre ouvrage, le ton employé s’est voulu léger et entraînant. Et l’excellent travail des éditions Plume de Carotte connues pour leurs Beaux Livres a participé pleinement à cet objectif en colorant les pages d’images anciennes, de légendes sautillantes et autres enluminures qui devraient plaire aux lecteurs de fantasy. Quand je vois le succès des GN, des reconstitutions et le plaisir qu’ont les fans à se costumer en festivals, c’est certain qu’ils cherchent à prolonger l’atmosphère décrite dans les romans. Apprendre les légendes, les êtres attachés aux plantes, à la nature, aux forêts et aux champs est aussi une façon de prolonger ce plaisir.

 

Véronique, pouvez-vous nous raconter un exemple de légende liée à une plante ?

Véronique Barrau : Je vous parlerai volontiers des dryades. Ces fées vivent dans les veines boisées des chênes et aiment à danser autour de leur habitat en toute discrétion. Un simple craquement de brindilles suffit à arrêter leur ronde. Les belles se transforment aussitôt en arbuste pour échapper au regard des curieux.
J’ai toujours eu une admiration sans borne pour les chênes vénérables et ai souvent cherché des visages dans ces troncs noués par l’âge bien avant de connaître l’existence de leurs fées légendaires ! Ma passion envers les dryades est d’ailleurs telle que j’en ai fait l’héroïne d’un scénario BD qui n’a pas encore trouvé d’éditeur.

 

L’exercice d’écrire à quatre mains n’est-il pas difficile ?

Véronique Barrau : Si j’appréhendais au départ cet exercice qui m’était alors inconnu, l’expérience réalisée avec Richard m’a vite démontré tous les avantages de cette pratique sans parler du plaisir à écrire à quatre mains. Nous avons beaucoup échangé, aussi bien sur le contenu que la manière de l’écrire.
Cette collaboration entre deux passionnés de féerie et de nature est née, non pas d’un heureux hasard, mais d’un véritable coup de pouce de fées malicieuses. Ajoutez à cela la préface que Pierre Dubois a gentiment accepté de nous écrire et vous comprendrez vite combien ce livre est magique !

Richard Ely : Que du contraire ! A partir du moment où s’installe un vrai échange et une complicité entre deux auteurs, c’est un bonheur ! Une expérience que l’on rééditera certainement… Affaire à suivre…

 

Le livre « Les Plantes des Fées et des autres esprits de la nature » est disponible dans toutes les librairies en France, Belgique, Suisse et Québec.