La folie est, sans conteste, une facette importante dans les écrits de Howard Phillips Lovecraft. De fait, il en est de même dans le jeu de rôles l’Appel de Cthulhu. Cependant, s’il est simple pour un Gardien des Arcanes de gérer les blessures physiques des personnages-joueurs, cela n’est pas du tout la même chose pour les désordres mentaux. Certes, il est toujours possible de mettre un personnage «au vert» durant 1D6 mois. Mais cela serait passer à côté de «moments de rôle» particulièrement intéressants. D’où l’arrivée du présent supplément titré Dementophobia!

Parut, cette année, aux Éditions Sans-Détour, ce nouvel opus est la traduction française (augmenté de quelques pages) d’un livre en langue allemande édité par Pegasus Spiele en 2007. Son thème est la folie dans toute sa «nudité» réelle. C’est-à-dire qu’il pourrait sans mal intéresser tout lecteur curieux d’en connaitre plus sur les perturbations psychiques de certains membres de l’espèce humaine. Bien sûr, c’est aussi, et surtout, une mine d’informations pour un Gardien des Arcanes désireux de mieux appréhender les désordres mentaux des investigateurs ayant un peu trop plongés au cœur du Mythe…

Dans le premier chapitre de Dementophobia, il est possible de parcourir l’histoire de la folie depuis les origines du monde (où l’on trépanait les fous) jusqu’à nos jours où les asiles sont devenus des «établissements de santé». Des informations sur les effets pernicieux de la Première Guerre mondiale, ainsi que sur la syphilis, côtoient des conseils pour aider le Gardien des Arcanes à gérer au mieux la folie des personnages (joueurs ou non). Des idées de scénarios se sont glissées dans les marges et six pages de films à voir (pour l’ambiance et quelques détails) complètent l’ensemble.

Le second chapitre représente le cœur de l’ouvrage puisqu’il détaille les troubles mentaux du plus insignifiant au plus grave. Cette soixantaine de pages commence par les principaux événements pouvant entraîner des crises de folie dans le jeu de rôle avec un exemple des traumatismes qui peuvent en découler. Le reste du chapitre regorge de conseils pour le Gardien, des tables de peurs ainsi qu’une quadruple page sur la possession et la folie religieuse. Incontournable!

Le troisième chapitre, bien que moins long, intéressera bien plus les personnages des joueurs. Pour cause: il y est question de «guérison». Une description des principaux systèmes de santé américain, britannique et allemand (ce dernier étant plus défini, première édition allemande de l’ouvrage oblige). La psychothérapie est détaillée ainsi que bon nombre de méthodes capables, parfois, de guérir les esprits dérangés. Des tables de réussite ou non en fonction des jets de dés sont directement liées au jeu. Plusieurs établissements psychiatriques sont également décrits avec idées de scénarios à la clé. Bref, largement de quoi couvrir bon nombre de situations.

Dementophobia s’achève sur trois scénarios illustrant parfaitement les données disponibles dans les chapitres précédents. De l’intérieur d’un asile où ils sont internés ou en visite, en passant par la gestion d’une entreprise en difficulté, les investigateurs auront de quoi affronter bien des obstacles tant physiques que psychiques. Il est à noter que le second scénario peut être joué sans lancer de dés. Pour autant que les joueurs et le Gardien des Arcanes acceptent de gérer l’intégralité de l’aventure au gré d’un «roleplay» ininterrompu. Pour participants confirmés, certes, mais quels souvenirs de la partie!

Comme les autres livres de la gamme, les aides de jeu à distribuer (après photocopie ou téléchargement sur le site de l’éditeur) sont regroupés en fin de volume. Petit bonus (également disponible dans Sciences Forensiques & Psychologies Criminelles) de l’ouvrage: un marque page-ruban bien pratique pour retrouver un point précis de l’ouvrage.

En conclusion, Dementophobia risque fort de devenir le livre de chevet des Gardiens désireux de permettre à la folie de s’incarner pleinement dans leurs aventures pour le jeu de rôles l’Appel de Cthulhu où elle aura tout à fait sa place. H.P.L. apprécierait sûrement!