Gauthier de Flandres descend dans les abysses affronter le Aa, créature maléfique mais aussi son propre demi-frère. Pendant ce temps, les alliances se font et se défont autour de Hiérus Halem pour la conquête du miroir…
A l’image des jeux de miroir entre ombre et lumière qui parcourent ce troisième tome de Croisade, Dufaux a une écriture bicéphale. D’un côté, il fait preuve d’un style simple et lisible, sans fioritures ou effets de style inutiles voir nuisibles au rythme de lecture. De l’autre, ses scénarios en général et plus encore sur Croisade font preuve d’une profondeur bien plus subtile qu’il n’y parait au premier abord.
Avec Croisade, il arrive ainsi à mêler l’Histoire (celle avec un grand H) et le fantastique en un tout cohérent et dont les enjeux se répondent mutuellement. Avec son écriture empreinte de poésie, Dufaux arrive à en faire saisir au lecteur toute l’importance, toute la tragédie, en particulier dans la conclusion terrifiante de ce tome.
Il faut dire que si cette conclusion est si efficace, c’est aussi en raison du travail graphique hallucinant de Xavier Philippe, qui a introduit dans les dernières planches deux pages dépliantes formant un panorama de quatre pages absolument saisissant. Son encrage très appuyé, hérité de son travail dans le milieu des comics américains, donne une très grande profondeur à son dessin, mais aussi une certaine noirceur qui n’est pas pour rien dans l’aspect tragique de la BD.
Résolument fantastique, quasiment apocalyptique, et à la limite de la BD d’horreur : Croisade est un peu tout ça, et bien d’autre chose, et dans tous les cas une grande série qu’il ne faut pas hésiter à lire !