Adam Stone vit une retraite tranquille. Il aide la femme de son défunt ami à tenir la ferme et promène quelques touristes pour chasser les animaux depuis longtemps disparus du Réel. Adam vit dans un monde parallèle, un parmi la multitude d’univers que les Etats-Unis ont réussi à atteindre grâce aux portes de Turing.
Il a gagné le droit de vivre dans un monde sauvage, sans trace humaine à part les rares colons venus comme lui, en étant au sein de la première équipe à explorer les versions alternatives de l’Amérique. Leur rôle était de préparer des coups d’états ou des actions de guerre, afin de lier toutes les Amériques sous la bannière étoilée de la liberté. Tout cela date d’une époque révolue. Carter est président, et souhaite la paix. Les unités spéciales sont toutes en retraite.
Lorsque Tom, un autre vétéran, se met à éliminer toutes les versions d’une inconnue, Adam reprend du service. Il se rend vite compte que le bon vieux temps n’est pas loin. Les espions ne changent pas, tout le monde cherche à manipuler Stone.
Cowboy Angels est à la croisée des genres : espionnage, thriller et science-fiction. Cette dernière mélangeant uchronie et voyage dans le temps. Cela peut paraitre beaucoup, pourtant le mélange prend plutôt bien. L’intrigue est suffisamment captivante pour donner envie de dévorer les 640 pages sans marquer de temps d’arrêt. Les différentes versions des Etats-Unis ne sont que survolées, seules les différences majeures sont mises en avant (coup d’état des parties de gauche, guerre nucléaire, domination de l’Europe, etc.). C’est dommage de ne pas les explorer plus en profondeur, mais cela permet également de tenir un rythme rapide, qui donne la notion de la course perpétuelle que livre le personnage central.
Détail amusant, le monde de référence, « Le Réel », ne correspond pas à notre réalité, qui n’est qu’un des mondes visités par le héros.
Les personnages ne sont pas spécialement fouillés, surtout vue l’épaisseur du livre. Cela ne nuit pas à l’intérêt qui est principalement l’action débridée. Tel un road movie, que promet le quatrième de couverture, Adam Stone et ses compagnons de route foncent droit vers leur destin, sans pouvoir l’infléchir, sans jamais pouvoir le maitriser entièrement. La fin est plaisante, assez surprenante dans sa forme.
L’auteur évite le piège de la moralisation. Stone n’est pas un gentil patriote, les autres vétérans non plus loin s’en faut. Tous ont sur les mains le sang de milliers d’innocents versé pour imposer leur version de l’Amérique idéale. Les systèmes contre lesquels ils luttent ne sont pas non plus de pauvres victimes. Certaines des versions alternatives sont aux mains de tyrans sanguinaires, de fous assoiffés de violence. La conclusion semble être l’incapacité pour l’Homme d’apporter autre chose que la privation de liberté individuelle et la mort pour ceux qui résistent. Les mondes sauvages, occupés par de rares colons, étant les seuls rares lueurs d’espoir.
Un titre passionnant, violent, mené à un rythme effréné.