C’est une excellente surprise que ce roman qui préfigure une série dont deux tomes sont désormais traduits chez Casterman jeunesse. Il va vous plonger dans la Rome antique, au Ier siècle sous les règnes des empereurs Tibère et bien vite Caligula. C’est dans l’arène, le fournaise étouffante du Circus Maximus que l’histoire nous entraine, dans le monde des courses avec les factions de couleurs différentes et leurs héros : les auriges.
Lorsqu’on fait la connaissance de Didon et de son père Antonius (ancien aurige devenu l’entraineur de la faction des Verts) c’est en Hispanie en pleine séance d’achat de chevaux où en jouant à la couse de chair et pariant avec le fils de l’éleveur local, la jeune Didon va gagner un magnifique cheval : Porcellus.
Didon a douze ans et est orpheline de sa maman, elle rêve de devenir conductrice de char dans le cirque mais son père s’y oppose tout comme le reste de la société : trop dangereux, ce n’est pas la place d’une fille. Le destin va cependant en décider autrement (la couverture vous donne quand même un sérieux indice avec la superbe et puissante illustration de Nancy Pena) et les évènements s’enchainer et s’emballer.
C’est un roman étonnant que nous offre ici Annelise Gray. Elle prend son temps pour installer son histoire, son décor, et le complexifie au fur et à mesure, au point que dans le dernier tiers alors qu’on s’attend à la course, d’autres faits et personnages réapparaissent et donc encore plus d’épaisseur aux personnages et au récit. Des personnages bien écrits et au caractère bien affirmé, y compris dans les seconds rôles qui ne manquent ni de charme, ni d’intérêt ; un cadre dépaysant et fabuleux, la Rome antique, le Cirque Maxime, les cheveux, leur entraînement ; les rivalités politique, la course synonyme de puissance et de richesse qui attise toutes les convoitises ; le destin des personnages lié aux caprices de l’Histoire ; et puis les courses, le bruit, l’odeur de la sueur des hommes et des chevaux, l’effort physique, la violence qui transpirent des pages et les rendent totalement immersives… Didon, la jeune héroïne, au prénom de princesse carthaginoise est formidable et attachante.
Une pleine réussite pour un premier tome à dévorer par tous les amoureux de romans d’aventures, de chevaux, d’Histoire aussi (même si comme le rappelle l’autrice à la fin, il n’y a aucune trace de l’existence de femmes dans les courses romaines, mais peu importe les libertés prises, c’est un roman). A lire sans tarder pour un voyage et des aventures formidables.