Bamboo a parfois une notion des « cycles » bien particulière (voir notre critique de Borderline T2). Le premier cycle de Ceci est mon corps ne comprend ainsi que deux tomes qui fonctionnent certes très bien entre eux, mais ne clôture pas vraiment les intrigues. Qu’importe : il s’agit ici d’une très bonne excuse pour permettre à Bamboo de sortir ces deux premiers tomes à très peu d’intervalle (1 mois) qui donne à la série un côté serial qui lui convient très bien. Pour suivre cette très bonne idée, Khimaira a donc décidé d’aborder ces deux tomes ensemble !
« Ceci est mon corps »… cela reste à prouver! Dans cet univers à la forte odeur de Cyberpunk, la jeunesse dorée et sans illusion s’adonne en effet sans vergogne à l’alcool et aux drogues. Mais ce n’est pas l’ultime moyen pour eux de répudier leur corps : grâce à la technologie, ils ont la possibilité de prendre possession du corps que les plus pauvres prêtent moyennant rétribution. Cette forme de prostitution est d’autant plus pernicieuse qu’elle constitue le seul moyen entre les deux strates de la société d’être en contact, les quartiers étant sinon bouclés et sécurisés.
C’est dire si le climat social décrit ici est d’une rare violence. La métaphore de l’adolescence, bien entendue évidente, y est d’autant plus brutale que les vicissitudes qui l’accompagnent sont mises en exergues par cette technologie pernicieuse. Cette thématique permet par ailleurs d’emmener le scénario sur des chemins très surprenants et pourtant parfaitement cohérents. La facilité aurait été de déployer des enjeux de thriller hollywoodien, mais ils déboulent sur le plan bien plus personnel de la survie physique pure et simple. Quand on disait violent, ce n’était pas pour rien…
« Ceci est mon corps… »… cela reste à prouver. Mais c’est en tout cas l’un de nos favoris de ce début d’année. Et ça, c’est une certitude !