Résumé :
Depuis trois mois, rien ne va plus pour Frédéric Parmentier ! Il n’est plus motivé par son travail, sa compagne Tina l’a quitté en lui laissant chaussette le chat sur les bras, et le voilà humilié par un gamin lors d’une convention : ce dernier tourne en dérision son déguisement de Freddy Krueger
Dépressif, il décide de se donner la mort. Il rédige son oraison funèbre, met en scène son trépas (il l’imagine sur un air de Gainsbourg) mais échoue finalement là aussi : même la faucheuse se refuse de le libérer du fardeau qu’est devenue sa vie ! S’il est mort il ne parvient pas à sombrer dans l’oubli comme il le souhaiterait. Condamné à rester parmi nous, Fred se décide à punir tous ceux qui lui nuisent, et pourquoi pas à la façon du croquemitaine d’Elm Street ?
Notre avis :
Pour le lancement de sa nouvelle collection Slash, les éditions Mosésu nous invite avec Bloody glove à nous remémorer nos souvenirs de cinéphiles amateurs d’horreur en puisant abondamment dans le cycle des griffes de la nuit innové par Wes Craven en 1984.
Freddy Krueger apparait en effet au travers des traits de Frédéric Parmentier, le héros de ce roman haut en couleur, et on s’interroge même un moment à savoir si le monstre n’essaye pas tout simplement de se réincarner comme il a essayé de le faire à de nombreuses reprises au cinéma.
Est-ce la folie, ou bien le personnage incarné par Robert Englund (on ne parlera pas du remake de 2010 où c’est Jackie Earle Haley qui endosse le pull élimé bariolé et le fedora crasseux) qui tente de prendre possession du corps de Fred ?
Le doute est permis tant les scènes rapportées suggèrent celles vues dans différents films de la licence, et cela malgré le décalage savamment entretenu entre ce pervers (rappelons que Freddy est pédophile) issu du cinéma américain et un protagoniste bien de « chez nous » qui évolue dans un environnement qui n’est pas non plus Springwood…
Une étrange rivalité s’instaure entre Fred et Freddy.
Assurément celui qui se dissimule sous le pseudonyme de Bob Slasher (la présentation de l’éditeur est très laconique, on retiendra qu’il habite le Nord de la France et la photo de sa calvitie) est fan de films d’horreur.
On retrouve effectivement dans Bloody glove l’ambiance propre à Nightmare on Elm Street (le titre en VO) et la morgue de Krueger au travers le style d’écriture et les dialogues outranciers (c’est la particularité de Freddy, Jason Vorhees et Michaël Meyers font office de taiseux).
Bob Slasher puise abondamment dans le reste de l’imagerie horrifique (Abattoir, crocs de bouchers – On est plus dans Massacre à la tronçonneuse !) pour construire d’autres scènes, pour son intrigue, à défaut de pouvoir utiliser continuellement les fantasmes propres aux cauchemars (dans les films Freddy tue des ados dans leurs rêves) ; même si notre héros en fait pas mal.
Tout est parfaitement assimilé aussi bien la façon de faire les films d’horreur dans les années 80 et l’esprit des remakes plus récents qui essaye d’expliquer la psychologie des personnages en revenant sur les traumatismes d’enfance.
La fin est également un clin d’œil à la licence.
Outre les fans des Griffes de la nuit, les amateurs d’histoires brutes de décoffrage, désopilantes et sanglantes, comme on peut en trouver chez Trash Editions (ou dans les années 80 dans la collection gore de Fleuve Noir) apprécieront Bloody glove, qui restera sans doute moins abordable pour un public non averti.
Incontestablement il faut faire connaitre ce premier roman de la collection slash des éditions Mosesu aux connaisseurs !