Dans un futur proche a été créé le monde virtuel d’Avalon, une simulation de guerre illégale attirant une jeunesse perdue et désabusée. À l’intérieur du jeu, un monde-test nommé Avalon-F n’est accessible qu’aux joueurs chevronnés désirant se confronter aux ennemis les plus puissants. Parmi ceux-ci, trois superbes mercenaires nommées Lucifer, Gray et Colonel se sont mis en tête de chasser un terrifiant ver des sables géant qu’aucun joueur n’a réussi à approcher. Devant la difficulté de la tâche, elles se retrouvent forcées de coopérer et sont bientôt rejointes par le mystérieux Jäger…
Assault Girls n’est autre qu’un prolongement d’Avalon, tourné par le même Mamoru Oshii en 2001. Le réalisateur de Ghost in the Shell s’est offert cette parenthèse au titre accrocheur après la production de longue haleine de l’épopée de S.F. aéronautique Sky Crawlers.
Le devant de la scène est occupé par trois filles, non des personnes réelles mais des avatars, le film mettant en scène les différentes phases d’un jeu vidéo. Qui donc se cache derrière lesdits avatars ? On n’en saura pas grand-chose, la question de l’identité réelle des participant(e)s n’étant qu’effleurée, au détour d’un dialogue entre deux rafales de tirs contre les vers géants. À vrai dire, lorsque le film démarre, on s’en fiche un peu, les demoiselles incarnant les personnages virtuels ayant des atouts indéniables pour retenir l’attention, parées de tenues fétichistes dignes d’héroïnes de manga. Rinko Kikuchi (la lycéenne tokyoïte de Babel, d’Alejandro González Iñárritu) interprète Lucifer, au look d’inspiration goth avec son voile noir arachnéen :
Hinako Saeki (vue dans le mémorable Uzumaki) incarne Colonel, army-girl avec rangers et treillis futuriste :
Et Gray, pour conclure, est campée par Meisa Kuroki (Crows Zero), moulée dans une tenue de cuir rouge luciférien :
Avec ses trois dames de pique, trèfle, carreau, Mamoru Oshii avait les cartes en main pour livrer un guns’n’babes tout ce qu’il y a de plus réjouissant, seulement voilà : Oshii-san n’est pas homme à se laisser aller à un simple divertissement, et il a toujours à cœur de faire part de considérations qu’il veut philosophiques. Une manie assommante, tout particulièrement ici, où il n’y avait matière qu’à une récréation sexy. Assault Girls débute par un mode d’emploi éreintant, une voix off qui, pendant sept minutes ( !), s’évertue à expliquer au public ce qu’il va voir, comme s’il s’agissait de nous préparer à une adaptation live de la Critique de la Raison pure. Le métrage sera par la suite divisé en chapitres, découpage artificiel n’ayant pour fonction que d’asséner des cartons porteurs de messages abscons plaquant un discours religieux sur le monde des jeux vidéo.
Cependant le plus grand péché de Mamoru Oshii n’est pas son goût pour le pensum. Si l’on prend au mot la célèbre formule de Jean Gabin (« Pour faire un bon film, il faut premièrement une bonne histoire, deuxièmement une bonne histoire, et troisièmement une bonne histoire »), alors Assault Girls a tout d’un navet de la plus belle eau. Oshii a à sa disposition un trio des belles comédiennes, de chouettes costumes, des effets numériques très corrects et, comme toujours, une bande originale convaincante (signée Kenji Kawai, fidèle au poste), mais il n’a tout bêtement rien à raconter. Conclu en 65 petites minutes, le film est un montage de séquences de remplissage au contenu aussi aride que le décor de no man’s land caillouteux où évoluent les héroïnes. Oshii crache même carrément au nez des spectateurs en osant resservir à plusieurs reprises la même ligne de dialogue, en filmant longuement en insert la progression d’un escargot (un clin d’œil à Uzumaki ?), en mettant en scène l’espace de cinq bonnes minutes la préparation d’un repas eggs+bacon de Jäger, le seul protagoniste masculin…
Les pires films qu’il m’ait été donné de voir m’ont toujours laissé l’impression désagréable de m’être fait subtiliser une heure ou deux de mon existence. Hélas, Assault Girls est de ceux-là.
Sortie en dvd et blu-ray le 19 juillet 2011 (WE Prod).
Durée : 65’
Image : 1.77, 16/9 compatible 4/3
Son : français et anglais/japonais 5.1
Sous-titres : français
Suppléments : bandes annonce WE Prod