Delta Green pouvait sembler être un sacré morceau à sa sortie. Mais face à Countdown, il parait maintenant bien chétif ! Il faut dire que le second tome de cette sous-gamme de l’Appel de Cthulhu cumule quelque 448 pages.
Countdown prolonge et approfondie la matériel proposé par Delta Green. Plus exactement, il ne l’étend pas seulement profondeur mais surtout en largeur en sortant hors des USA. Il propose ainsi, sur le même modèle que son ainé (histoire de l’organisation jusqu’à nos jours, techniques, principaux membres), la présentation détaillée de plusieurs organisations internationales.
Tout démarre par la Grande-Bretagne et deux agences luttant contre le mythe, donc une gouvernementale. Les anglais sont, comme les américains, courtisés en secret par les extra-terrestres. La Russie passe aussi à la moulinette, avec une organisation gouvernementale largement marqués par l’histoire de son pays et par l’ère stalinienne en particulier. Le pays est aussi la patrie d’origine d’un culte orthodoxe qui cache des adorateurs de Shub-Niggurath. La plupart des membres ayant émigrés aux USA, il établit de très intéressants liens avec le pays de l’Oncle Sam que n’importe quel MJ pourra exploiter pour donner une dimension internationale à sa campagne.
Nous revenons ensuite aux Etats-Unis : une chaine de télévision offrant une intéressante campagne alternative où les joueurs incarnent des journalistes, des trafiquants de drogue qui ne diffusent pas que des drogues classiques… et ne sont pas tous humains, une groupe de recherche scientifique spécialisés dans les maladies mentales, le département des artefacts du Museum d’Histoire Naturelle de New-York (incluant un petit extrait de leur catalogue d’objets étranges), le culte des goules de New-York et enfin une nouvelle version du Mythe d’Hastur qui diffère notablement de sa version Chaosium/années 20.
Toutes ces organisations ont une saveur propre – chaque chapitre est la création d’un auteur différent – et relient quelques uns des événements de l’Histoire au mythe pour obtenir un subtil parfum de X-Files/Complot particulièrement efficace. Le tout reste étonnamment homogène. En revanche, cette densité peut donner l’impression qu’il n’y a pas un moment de l’histoire qui ne soit pas le résultat d’une manipulation secrète plus ou moins lié au mythe. Clairement, ces différents éléments n’ont pas été conçus pour être tous exploités en même temps, mais pour permettre au MJ de construire une campagne sur mesure, en partant de l’une des organisations puis en se servant occasionnellement des autres comme PNJ alliés ou adverses.
C’est aussi l’objectif de l’imposant catalogue d’organisations gouvernementales proposé en annexe. Celui du premier tome faisait le tour des USA, celui-ci fait le tour du monde, et quel tour du monde ! De la DST aux services secrets chinois en passant par le MOSSAD et le KGB, le matériel proposé ici est d’une précision, d’une richesse et d’une densité difficilement égalée. En une ou deux pages par service, la qualité et la clarté de la synthèse proposée constitue un outil de jeu formidable qui peut trouver son utilité pour n’importe quelle campagne moderne orientée vers l’espionnage, le polard ou le militaire.
Comme presque tous les suppléments de la gamme, trois scénarios viennent mettre en pratique ce contenu. Des règles sur les pouvoirs psychiques, de nouvelles compétences occultes et quelques aides de jeux (des rapports scientifiques dont le contenu présente un lien avec le mythe) achèvent cet imposant ouvrage.
L’exploit initié avec Delta Green, rendre crédible le mythe de Cthulhu dans un contexte moderne, est largement reproduit ici à une échelle encore plus imposante. Evidement, une telle somme n’est pas destinée à un usage modéré. Mais chaque chapitre qui le compose à la particularité de pouvoir être exploité indépendamment des autres voir pour certains du Mythe de Cthulhu pour être réinséré, moyennant quelques adaptations faciles, dans toute campagne occulte-contemporaine. Countdown n’est pas considéré comme l’un des chefs d’oeuvre du jeu de rôle pour rien…