Du 29 au 31 mai derniers s’est tenue à Audincourt, dans le Doubs, la sixième édition du Bloody Weekend. « Le plus grand des petits festivals » (comme le surnomment affectueusement de nombreux fidèles) est un rendez-vous résolument atypique, à la croisée des chemins entre festival de cinéma (avec une compétition de courts métrages) et convention réunissant des milliers de passionnés du genre fantastique sous toutes ses déclinaisons. Parmi les invités de cette édition 2015, le cinéaste anglais (mais établi aux USA) Anthony Hickox est venu présenter son film Waxwork, classique du cinoche d’horreur des années 1980, projeté en rétrospective. Retour sur dix minutes d’allocution une bouteille de houblon à la main devant le public cool et conquis du « Bloody ».
Comment est né Waxwork, devenu un classique instantané du film d’horreur dans les années 1980 ?
Je suis un grand fan de cinéma d’épouvante, j’ai grandi avec les productions de la Hammer. Le scénario de Waxwork est né de l’envie de compiler les meilleures parties des films que j’aimais. D’ailleurs, je profite de cette projection pour m’excuser de la fin, que j’aurais aimée beaucoup plus spectaculaire. Mais je n’ai pas pu tourner ce que je voulais : on était arrivé à la fin du planning de tournage, et le budget était épuisé. On n’avait plus un sou pour tourner ! Mon père [le cinéaste Douglas Hickox, NdR] m’avait prévenu en ces termes : « Ne tourne jamais la conclusion d’un film à la fin du tournage, filme-la au début quand il y a encore de l’argent ! ». Et malheureusement, je ne l’ai pas écouté ! Il faut dire aussi qu’aux États-Unis, il y a une clause que l’on doit signer dans les contrats et qui vous engage à boucler un tournage dans les temps et sans dépasser le budget. J’avais envisagé de tourner le dénouement en trois jours, mais les producteurs du film ont débarqué sur le plateau pour me prévenir que, conformément à la garantie de bonne fin, le tournage devait s’arrêter le jour même. Ils m’ont donné douze heures pour terminer le film.
L’idée d’une intrigue dans un musée de cire, comment vous est-elle venue ?
Nous, les Anglais, avons une grande tradition des musées de cire. À Londres, il y a Madame Tussaud’s avec cette section du musée en sous-sol où sont présentées des scènes d’horreur. Il y a même une légende qui dit que si vous parvenez à passer une nuit entière dans cette salle des horreurs, vous pouvez gagner une grosse somme d’argent !
Anthony Hickox (au centre, gun & lunettes noires) prend la pose en l’excellente compagnie de Darth Maul, Darth Vader, Obi-Wan Kenobi et Loïc Bugnon (fusil d’assaut), l’organisateur du Bloody Weekend.
Après Waxwork et Waxwork 2, vous avez réalisé le troisième chapitre de la saga Hellraiser, d’après Clive Barker. Comment avez-vous été choisi pour mettre en scène ce film ?
Je vais tout vous dire. En fait, dans Waxwork, il y a une scène qui se déroule dans une salle de classe, au lycée. Le professeur est interprété par un agent qui était assez connu à l’époque à Los Angeles, c’était quelqu’un qui était inscrit à la Guilde des Acteurs et qui, pour conserver cette inscription, devait de temps à autre décrocher des petits rôles. Ce même type, un soir, très tard, sur le coup de deux heures du matin, s’est retrouvé à picoler avec le producteur d’Hellraiser 3. À ce moment-là, Tony Randel [réalisateur d’Hellraiser 2 — NdR] avait décidé de quitter la production de ce troisième film, et c’est entre deux verres qu’ils ont eu l’idée de faire appel à moi. Ils m’ont téléphoné au milieu de la nuit pour me demander si j’accepterais de réaliser le film, et j’ai dit oui. Parfois, les choses se passent comme ça !
Quelques mots sur Patrick Macnee, qui tient le rôle de Sir Wilfred dans Waxwork ?
C’était mon idole quand j’étais tout jeune ! Je regardais Chapeau melon et bottes de cuir à la TV. Dans le scénario de Waxwork, il y avait ce personnage en fauteuil roulant, et j’en ai parlé à Carol Jones, ma directrice de casting, une personne très compétente. Je lui ai soufflé le nom de Patrick Macnee pour le rôle, elle a été très enthousiaste et l’a contacté. Il a accepté sans tarder. McNee est revenu pour Waxwork 2 : c’est lui qui a enregistré la voix du corbeau ! Avoir un tel comédien dans la distribution a été un grand atout : par ricochet, j’ai pu faire venir David Warner sur le film, puis John Rhys-Davies. Si on se replace dans le contexte des années 1980, on se rend compte que Waxwork avait un super casting : Deborah Foreman, Michelle Johnson, Zach Galligan, qui venait de tourner dans Gremlins. Des noms un peu oubliés aujourd’hui, mais à l’époque, c’étaient des vedettes. Et puis dans le rôle de Dracula, j’avais engagé Miles O’Keefe, qui avait auparavant joué Tarzan [dans le film éponyme de John Derek, en 1981 — NdR]. Il parlait très mal anglais, il ne savait pas jouer la comédie et il s’est avéré incapable de retenir la moindre ligne de dialogue. Pendant les prises, il a fallu que je me tienne près de lui — hors champ, bien sûr — pour lui lire ses répliques, et il répétait au fur et à mesure !
Les héros de Waxwork (1988), dont Zach Galligan (au premier plan) et Dana Ashbrook (deuxième rang, cravate), qu’on revit trois ans plus tard dans la série Twin Peaks.
David Warner dans le rôle du diabolique propriétaire du musée de cire.
En conclusion, pouvez-vous livrer quelques infos sur votre prochain film ? Il paraît que ce sera une histoire très bizarre avec des nazis…
Oui, le résultat devrait ressembler à quelque chose comme « Mel Brooks filme l’Holocauste » ! Le titre sera Exodus To Shangai. J’ai terminé le tournage il y a à peine trois semaines. Pour les besoins du film, nous avons visité Israël, Vienne et l’Autriche. Tenez-vous bien : dans ce film, j’ai pu tuer pas moins de 5000 nazis !
Dans la galerie ci-dessous, des images prises au cœur de la fête, dans le pavillon accueillant les nombreux exposants présents au Bloody Weekend. A lire également, une entrevue avec Loïc Bugnon, le créateur du festival.