Levée de boucliers dans les ligues de vertus ! Aux États-Unis, la diffusion des premiers épisodes de la cinquième saison de la série American Horror Story, intitulée Hotel, a suscité de vives réactions de rejet, certains esprits prudes réunis en assoc’ qualifiant le show de « chose la plus ignoble jamais vue sur un écran de TV » ! N’empêche : plus de 12 millions de personnes outre-Atlantique ont ouvert grand les yeux devant l’épisode de lancement, la preuve que le fantastique et l’horreur occupent une place de choix chez les téléspectateurs.
Après les thèmes de la maison hantée (saison 1), de l’asile psychiatrique, de l’assemblée de sorcières et de la foire aux monstres, les auteurs de la série Brad Falchuk et Ryan Murphy ont choisi de poser les caméras à l’Hôtel Cortez, palace rétro de style Art Déco à la clientèle très particulière — s’y croisent junkies, fantômes, vampires, tueurs en série, créateurs de mode et autres âmes en perdition… L’épisode initial, diffusé il y a deux semaines, a jeté les personnages à l’image telles les pièces éparpillées d’un puzzle macabre. L’intrigue générale ne se dessine pas encore, nous avons sous les yeux une galerie de portraits effarante dominée, d’une part, par Kathy Bates (présente, déjà, dans les saisons 3 et 4 et oscarisée en 1991 pour son rôle dans Misery, d’après S. King) et de l’autre par Lady Gaga, qui entame ici avec brio une carrière de comédienne. Bates tient la réception de l’hôtel, elle est secondée par « Liz Taylor », un grand travesti filiforme (Denis O’Hare). Le duo connaît tout des vicissitudes que dissimule chaque porte de chambre. Dans une suite réside Lady G., alias « la Comtesse », vampire à l’élégance et la beauté intactes malgré ses 110 ans.
Cette nouvelle saison, dès les premières scènes, s’avère placée sous le signe d’une outrance totalement assumée. Il ne faut pas longtemps, passé le générique, pour plonger dans les abysses infernaux du gore le plus décomplexé, pimenté d’une dose gouleyante d’érotisme. Le point d’orgue est une partie carrée dans laquelle la Comtesse, flanquée de son amant vampire, se livre à une orgie sanglante avec un couple de mortels (levés à une projection en plein air de Nosferatu de Murnau). Les ébats sexuels virent à la boucherie, les amants se vautrant littéralement dans l’hémoglobine. Alors tout dépend de l’état d’esprit dans lequel on découvre pareilles « ignominies » : les amateurs d’épouvante, forcément, ne peuvent qu’être à la fête, d’autant que cette fameuse séquence apparaît comme un hommage au regretté Tony Scott (décédé en 2012) et à la scène d’ouverture de son film Les Prédateurs (1982). Un clin d’œil astucieusement en miroir : Scott avait choisi un pop-star adulée, David Bowie, pour interpréter un vampire mâle, Falchuk et Murphy en ont choisi une autre, Lady Gaga, pour lui confier le rôle d’une goule femelle.
AHS: Hotel ne manque pas non plus de citer Shining de Stanley Kubrick, film que les auteurs aiment beaucoup puisqu’ils y font aussi abondamment référence dans l’épisode 6 de leur autre série actuellement à l’antenne, Scream Queens. Des intentions dont se fichent bien sûr les bien-pensants de toute sorte, qui ont pu en outre être effarouchés par la présence dans la distribution d’une ribambelle de mioches blondinets à qui on donnerait le bon dieu sans confession et qui, pourtant, trouvent naturellement leur place au cœur de cette décadence lugubre. Eh oui, les enfants ne sont pas nécessairement les petits anges qu’on aimerait voir en eux, et ils comptent, au même titre que les zombies et les spectres, parmi les créatures les plus flippantes du cinéma. Reste à présent à découvrir les surprises, qu’on espère tout aussi tordues, des épisodes à venir, dans lesquels on retrouvera encore les comédiens habitués de la série comme Sarah Paulson, Angela Bassett ou Evan Peters (qui entre en scène dans l’épisode 2 et écope, du reste, d’un rôle pour lequel il est un poil trop jeune). À signaler, toutefois, une absente de marque, Jessica Lange, vedette des quatre premières saisons qui n’a pas rempilé pour cette cinquième salve d’horreurs.
Plus de Lady Gaga et plus de… Rammstein dans cette autre bande annonce :