Un monde futuriste à la date et au lieu exact indéterminés. Marcus Donovan, policier, vient de réaliser un coup d’éclat : arrêter le chef de la mythique section D11 pour trafic de drogue, celui la même qui lui avait refusé une place dans sa section. Mais il va être vite confronté à des choix drastiques impliquant à la fois sa vie professionnelle et personnelle. Dans un monde de mensonges et de demi vérités, la décision ne sera pas facile à prendre…
 
L’histoire éditoriale d’Alter commence dans les pages de la revue Shogun où la série est pré-publiée. La publication doit elle avoir lieu dans une collection manga de l’éditeur où est déjà paru Lohris des Dawnhills. Mais la collection sort finalement du label manga, pour être nommée « Graphic Novel » à la façon des BD américaines.
 
Alter n’a pourtant rien ni d’un manga, ni d’un comics. Son petit format épais ne correspond d’ailleurs ni à l’un ni l’autre. Pour du franco-belge, il est même plutôt original. Ses 160 pages permettent à l’histoire de se dérouler sur un rythme bien différent des classiques 64 planches cartonnées. De ce côté c’est une surprise bien rafraîchissante.
 
Le scénario tire partie de ce format rallongé pour offrir une intrigue complexe qui mélange des enjeux sur différents niveaux. L’influence du cyberpunk est à ce niveau palpable, en particulier dans une narration alambiquée que n’aurait pas reniée Gibson. Ceci explique peut être aussi en parti certains choix graphiques. Intelligemment coordonnés avec le scénario, les dessins s’embrouillent bien parfois un peu – certaines cases en particulier sont peu lisibles. Mais après tout, l’écriture du Neuromencien, œuvre séminale (à défaut d’être fondatrice) du cyberpunk n’était elle pas elle-même chaotique, pour ne pas dire bordélique ?
 
Alter est une excellente surprise. Ce premier tome est loin d’être sans défaut, mais sait s’en jouer pour mieux percuter le lecteur. La série devrait comporter trois tomes : espérons qu’ils ne tardent pas trop !