Sorti en début d’année chez le même éditeur, Wonderland faisait le récit des aventures de la fille d’Alice, Calie, plongée comme le fut sa maman dans une dimension cauchemardesque (voir ici notre chronique datée de février). Toujours scénarisé par Raven Gregory, ce second opus joue la carte du « prequel » en nous contant les malheurs de la jeune Alice après qu’elle eut franchi un passage magique menant au terrible autant qu’hallucinant Pays des Merveilles. Une fois de l’autre côté, Alice a grandi, et ce n’est plus une fillette mais une jeune femme qui doit à présent trouver le moyen de rentrer chez elle en échappant, entre autres, au terrible Jabberwock…
L’héroïne est ballotée de Charybde en Scylla dans une vaste contrée onirique qui a tout d’un dangereux labyrinthe à ciel ouvert. Les lecteurs de Wondeland, quant à eux, retrouvent plusieurs repères : les créatures qui tourmentent Alice sont de nouveau toutes monstrueuses (le Chat du Cheshire a les dimensions d’un t-rex, et une dentition plus féroce encore), des têtes roulent, le sang coule à flot, et les nombreux personnages antagonistes se livrent tous à un véritable concours de rictus pervers. Débarrassé de toute référence nominative à Lewis Carroll (les auteurs ne songent même pas à le mentionner dans leur générique), cet Alice à Wonderland ne s’adresse par conséquent en aucun cas au jeune public, d’autant que les personnages féminins sont tous extrêmement sexy, la souriante Reine de cœur, délicieusement sadique, mais aussi et surtout la Reine rouge et Alice elle-même, toutes deux vêtues comme des actrices porno. En somme, une foule de partis pris offensifs à divers égards, qui ne peuvent que titiller les amateurs de curiosités outrancières. Édition luxueuse avec couverture cartonnée et pelliculée.
En librairie aujourd’hui, 25 novembre.