Dans la veine des auteurs de polars scandinaves, il faut évoquer le dernier thriller de l’islandaise Yrsa Sigurdardottir intitulé ADN et paru en début d’année dans la collection Actes Noirs aux Éditions Actes Sud. Les romans islandais souffrent généralement du caractère imprononçable – et donc difficile à retenir – des noms de lieux et de personnages. Sur ce point ce roman est rassurant, car l’auteure – vous voyez que même moi je ne m’essaye pas à écrire à nouveau son nom – nous évite cette épreuve en limitant le nombre d’intervenants au minimum nécessaire à ce récit.
Ce roman est le premier d’une série qui mettra en avant Freya, la psychologue pour enfants, et Huldar, le policier. Tout commence par le meurtre peu ordinaire d’une femme, chez elle, sur son lit. Ce que le meurtrier ignore c’est que Margret, la benjamine de la famille, se cache sous le lit pendant le crime. Traumatisée et seule témoin du crime, la fillette est confiée à Freya qui va essayer de savoir si elle a vu le tueur. Cet intérêt est partagé par Huldar qui mène l’enquête. Ce qu’on découvre vite c’est que Freya et Huldar se sont déjà rencontrés et qu’il faudra bien qu’ils s’expliquent un jour sur leur comportement.
Quand une autre femme est assassinée selon le mode opératoire propre au tueur, l’enquête est toujours en stand-by, et les protagonistes s’inquiètent pour Margret… jusqu’à ce que le tueur la trouve aussi. Pendant ce temps, Karl, un étudiant peu investi dans sa scolarité, mais passionné par l’univers radioamateur, découvre une émission où une suite de nombre s’enchaîne. Ce qui attire son attention c’est l’apparition de son numéro d’identification national dans la série. Il découvre rapidement que les numéros des deux victimes en font aussi partie.
L’angoisse est croissante dans ce thriller de haut vol, même si on n’a que très tardivement des informations sur le tueur. L’intérêt du récit se niche aussi dans le prologue où, trente ans avant les faits, nous découvrons une fratrie composée d’une fillette et de ses deux ainés qui vont se trouver séparés par les services sociaux islandais pour grandir dans différentes familles d’accueil. Le lecteur n’a de cesse de se demander quel peut être le rapport avec le roman. Il l’apprendra dans un final à couper le souffle et qui est totalement inattendu.
Le rythme peut sembler mou, mais l’auteure bâtit avec méticulosité l’univers de ce récit pour nous mener à un final stupéfiant. Les deux protagonistes sont brillamment décrits et on se prend à les aimer pour ce qu’ils sont, avec leurs défauts et leurs carences. Le rôle de Karl est développé dans une trame narrative parallèle à la trame principale et le lecteur connaît une vraie hâte quant aux rencontres entre les personnages, mais l’histoire s’emballe soudainement et il est frustrant de ne pas tout comprendre assez vite. C’est là que réside la force de ce roman. J’ai vraiment hâte de découvrir la suite des aventures de ce duo improbable.