L’amateur d’épouvante désormais rompu aux scènes de torture en tout genre peut-il encore supporter sans bailler un énième film avec des héros post-ados coincés par un tueur sadique dans une cabane au fond d’un bois ? Dans le cas de cet Action ou vérité ?, la réponse est oui, grâce aux talents conjugués du réalisateur Robert Heath et de Matthew McGuchan, auteur du scénario. Voici un parfait exemple de production modeste mais nerveuse et accrocheuse, dont le script recèle suffisamment de surprises pour maintenir l’attention (et la tension) pendant 90 minutes.

Truth or Dare apparaît comme un croisement entre la récente vague du « torture porn » et certains petits films d’horreur des années 1970-80 dans lesquels une tête de Turc est victime de ses vilains petits camarades, auteurs d’une farce qui tourne très mal. Invariablement, le pauvre gars (ou son fantôme) revient se venger des années plus tard… Le point de départ de cette production britannique est le même, sauf que ce n’est pas la victime de la mauvaise blague, prénommée Felix, qui vient réclamer vengeance, mais son grand frère, Justin, prêt à tout pour laver l’affront et du même coup l’honneur de la famille. Mauvaise pioche pour la bande de potes qui va faire les frais des représailles : le frangin, militaire de carrière, est rentré au pays assez chamboulé après trois années passées en Afghanistan, et il est devenu expert dans l’art de la torture, physique comme psychologique (pour sûr, ce ne sont pas Billy et Harry Windsor qui sont revenus de chez les Talibans dans cet état !). Le gars tend un piège aux cinq amis jugés responsables de l’humiliation publique de son cadet et du suicide qui s’ensuivit.

Les péripéties s’enchaînent sans temps mort, et le jeu de massacre qui s’enclenche dès la deuxième bobine s’avère d’autant plus réjouissant que les cibles de la vengeance fraternelle sont des têtes-à-claques qu’on châtierait volontiers soi-même pour leur vacuité. Parmi eux, une révélation, Jennie Jacques, alias Eleanor (en robe bleue sur la photo), la garce de la bande avec son décolleté de la mort. Elle n’a froid ni aux yeux ni au reste, et c’est la vedette du dernier quart d’heure, morceau de choix où l’on règle les comptes en abusant de revolvers, de tournevis et même d’acide de batterie ! Une sarabande de coups très entraînante, rehaussée de révélations qui viennent porter des lumières inattendues sur les tenants et aboutissants de cette sale histoire, par ailleurs très joliment photographiée par le chef-op’, du nom de James Friend.


Sortie en dvd le 25 septembre 2012. (Bac Films)