Dans le premier tome, nous avions fait connaissance avec Eddie, petite frappe affligée d’une malédiction(?) lui permettant de revenir régulièrement d’entre les morts, au détriment du pauvre hère qui aura le malheur de le toucher à mains nues. Cette fois, son frère Morgan embarque, à son corps défendant, dans l’histoire pour donner un sérieux coup de main à son frangin. Ce dernier s’étant suicidé pour éclaircir les choses sur l’étrange outre-monde qu’il visite à chacune de ses morts, Morgan doit éviter que quiconque s’empare de son corps pour le faire ressusciter prématurément.
Simple protagoniste dans le premier tome, Eddie se retrouve, lui et sa famille, au centre de l’histoire. On en apprend un peu plus sur ses liens avec les démons verlochins et on entrevoit des développements ultérieurs de large ampleur. Espérons d’ailleurs que la série ne basculera pas dans ce qui est un travers commun à beaucoup de récits, c’est à dire que le héros se retrouve au centre d’une intrigue concernant la nature du monde elle-même (qu’il le sauve ou qu’il entraîne sa fin). Toute la saveur de The Damned résidait dans la cohabitation des histoires de gangsters et d’éléments démoniaques, le propos risque donc de s’affadir en regoignant la sphère des récits purement fantastiques.
Mais avant de spéculer sur les futurs développements, apprécions ce deuxième tome à sa juste valeur. Menée de main de maître, cette cavalcade dans le monde des vivants en parallèle de la quête d’Eddie dans le monde des morts recycle et mixe avec brio les archétypes du polar, comme le tough guy et les histoires de « familles », et ceux du fantastique, tels que la damnation et le commerce des âmes. Les dialogues sonnent toujours justes et le découpage très cinématographique ajoute encore à l’ambiance « noir ».
The Damned fait partie de ces excellentes séries ne bénéficiant pas de l’exposition d’un grand éditeur, mais dont les qualités sont tellement évidentes qu’il serait dommage qu’elle passe inaperçue.