En cette saison rien de tel qu’un roman puissant et addictif. Souvenirs, souvenirs de l’année 2021 d’autant qu’un nouveau roman de l’autrice arrive en 2015
Eulalie est morte ! Encore une fille Thaumas qui est morte. Partout la rumeur commence à circuler que les douze filles seraient maudites. Poisseuse, rampante, elle gagne du terrain. Au manoir la panique gagne les filles aînées qui déjà voient s’envoler leurs rêves de mariage et de futur. Mais Annaleight la soeur qui raconte l’histoire est peu à peu persuadée que quelque chose cloche, que non sa soeur ne s’est pas jeté du haut de la falaise : et si … ?
Progressivement la vie doit reprendre et leur père 13 ème Duc des îles Salann s’est remarié après la mort de sa femme chérie lors de son douzième accouchement. Et puis ses filles ont commencé à mourrir.
Alors comme pour conjurer le sort, il est désormais marié à Morella une jeune femme enceinte qui doit lui apporter qui sait un fils tant attendu. Oh pas que cela pose un problème d’héritage, non car dans ces contrées reculées, les filles lorsqu’elles sont les aînées reprennent le titre et héritent du domaine pas de problème avec cela, non, mais quand même : un fils !
Morella la jeune femme venue de loin, étouffe sous le poids des traditions, comprend brutalement que quelque soit le sexe de son enfant ce ne sera pas lui l’héritier et obtient la fin du deuil et la reprise des fêtes et des tenues colorées. Officiellement il faut passer à autre chose, laisser la vie reprendre ses droits et faire s’éloigner la tristesse et la mort.
Au fil des pages, l’histoire se densifie, comme si nous étions entre deux mondes, comme si une mince frontière séparait le monde classique des humains bruyant de la civilisation moderne et l’autre plus ancien emprunt du poids des croyances dans les anciens dieux. Les filles qui n’en peuvent plus semblent au fil des pages prises d’une frénésie, d’une boulimie de vie. Elles veulent danser et s’amuser, rencontrer des prétendants sérieux, pas de ces mauviettes qui semblent ne plus pouvoir ou vouloir les approcher relayant cette histoire de malédiction.
Pourtant les rumeurs ont la vie dure et celle-ci semble coller aux pages comme aux esprits des soeurs qui toutes se posent des questions et angoissent à l’idée que l’une d’entre elle puisse à nouveau mourir.
Annaleight semble voler de page en page, de soeur en soeurs, de rencontres en rencontres, tantôt hostile, tantôt amicale avec sa jeune belle mère elle tente par tous les moyens de comprendre ce qui la dérange, quelque chose de confus et d’étrange qui la pousse à croire que sa soeur aurait été assassinée.
L’autrice joue à semer le trouble à jeter le chaud et le froid et nous offre des pages où la magie ancestrale l’emporte et où les soeurs Thaumas s’envolent dans des bals endiablés vêtues de robes sublimes en ruinant leur précieux souliers sur les parquets des salles de bal. Puis d’un coup quelque chose se crispe, s’enraye et finit par troubler le lecteur qui ne sait plus trop où est la frontière entre la réalité, la magie, le rêve, le cauchemar. Parce ce que c’est bel et bien vers une forme de cauchemar que ces robes tourbillonnants nous embarquent, aidées par la rudesse du climat, par le milieu rigide qui dicte ses lois. Et si Annaleight avait raison ? Et si Eulalie n’était pas morte d’un accident ou d’un suicide ? Et si un danger bien plus grand planait sur la famille Thaumas ?
Difficile de vous en dire davantage sans trahir l’histoire et ses secrets, nous vous laissons au plaisir de cette lecture envoutante, et presque vénéneuse à la fois. Comme le sous titre l’indique ceux dont l’imagination galope entendront de drôles de musiques et verront s’envoler le bas des robes de douze soeurs qui s’en allaitent au bal !
Magistral ! Un des meilleur titre de cette fin d’année. A lire absolument pour les plus grands qui savent plonger et rêver dans les intrigues bien tissées aux éclats multiples comme les facettes lumières des bals qui brillent de mille feu pour oublier la douleur, la peur, la souffrance et la mort.