Diwali et Adsila sont Cherokees, Indiens de l’Amérique du Nord, ils vont subir de plein fouet avec les leurs et les autres tribus l’avancée inexorable des hommes blancs lancés dans la conquête de l’Ouest et dans l’organisation de ce qu’ils considèrent comme étant leur territoire. La conquête de l’Ouest et ses fantasmes occidentaux, souvent très éloignées de la sinistre réalité de ce qu’ont subi les vrais propriétaires des lieux. C’est leur histoire qui vous est en partie contée avec : La piste des larmes.
L’album commence par un décalage, celui des images, de la violence de la conquête et le texte qui lui nous parle des traditions indiennes et de leur image de la création de la terre et de la vie et se termine trois pages plus loin par cette phrase : « l’homme blanc ne sait pas lire les montagnes. Il ne comprend pas son histoire ».
Commence alors le suivi d’une course poursuite, de tribus déplacées, d’hommes et de femmes malmenées, enfermées dans des camps, emportés loin de leur lieu ancestral de vie. De la violence, de l’acharnement, du désespoir, la maladie qui s’installe dans les camps de détention, les tentatives d’évasion le plus souvent vouées à l’échec. Des hommes et des femmes séparées des leurs, parfois pour toujours et l’arrivée loin de chez eux où tout est à refaire, loin des montagnes des histoires de leur monde, à tel point que comme le dit l’un des protagonistes, on leur a volé leurs terres, leurs vies mais aussi leur histoire, leurs traditions et qu’ils n’auront plus rien à transmettre à leurs descendants : terrible constat. L’influence et l’exploitation de l’homme blanc sur ces hommes et ces femmes c’est aussi le désespoir et l’alcoolisme galopant qui s’empare de nombre d’entre eux.
Ce magnifique album aux illustrations puissantes d’où les tonalités d’ocre et de jaune ne sont jamais très loin est une pleine réussite. Il nous permet de suivre et de découvrir parfois aussi ce que fut l’une des réalités de la conquête du territoire étatsunien le long de ce qu’on appelle désormais La piste des Larmes de sinistre mémoire, commencée au milieu du XIXème siècle. Officiellement reconnue par le Congrès américain en 1987 avec la réaction d’un sentier histoire national qui traverse différents sites historiques et musées. En 2009, le Sénat américain présente une résolution où sont formulées des excuses de la nation américaine aux descendants des déportés de 1838.
On apprécie particulièrement aussi les dernières pages qui reprennent l’ensemble du parcours avec une carte et des informations historiques précises ; la présentation des personnages et la chronologie très bien faite avec les indications dans la BD qui permettront au lecteur attentif de replacer certains épisodes de ce qu’ils viennent de lire dans le cycle global.
Passionnant, beau et très réussi