36 façons de tuer est le cinquième roman de Stefan Ahnhem et, bien sûr, Fabian Risk, Astrid Tuvesson et toute l’équipe sont présents à l’appel. La grande force de l’auteur réside dans une caractérisation qui nous lie durablement aux personnages et, par leurs défauts, nous les rend humainement appréhendables. Ici, pas de héros irréprochables ni de salauds sans rédemption. Non, juste des histoires humaines parsemées de meurtres dont il faudra remonter la trame :
« Le mal absolu se passe de mobile.
Quand un assassin sans scrupule lance les dés pour déterminer qui sera sa prochaine victime et de quelle manière elle mourra, comment remonter sa piste ? La police de Helsingborg, prise au piège de ce monstre insaisissable, va d’échec en échec. Fabian Risk sent bien que quelque chose leur échappe dans ces crimes odieux et arbitraires qui semblent ne devoir jamais prendre fin. Jusqu’à ce qu’un nouvel indice, apparu dans l’enquête officieuse qu’il mène sur le suicide présumé d’un de ses collègues, l’oblige à suivre une tout autre piste. Mais le temps est compté : le jeu du meurtrier aux 36 façons de tuer est en marche…
Double enquête, double danger pour Fabian Risk : après X raisons de mourir, Stefan Ahnhem, en orfèvre de la construction romanesque, poursuit sa série criminelle et nous plonge au coeur du quotidien mouvementé de la police de Helsingborg. »
Un tueur en série, c’est un modus operandi répétitif qui va le trahir, mais un tueur dont on a vu les premiers pas dans X raisons de mourir qui confie le choix et le sort de ses victimes à des tirages de dés, cela devient vraiment difficile à détecter. Il va falloir attendre une erreur pour lui mettre la main dessus. Mais l’homme est roué et ne saurait si facilement se laisser prendre. Pour mieux se situer, il faut savoir qu’X raisons de mourir et 36 façons de tuer forment un vrai diptyque. D’autant qu’un résumé du précédent volume permet au lecteur de se resituer dans le récit. Le seul bémol est la part consacrée à Dunja Hougaard qui est très tenue dans les deux volumes alors qu’elle a un ennemi mortel à ses trousses en la personne de son propre chef. Peut-être l’occasion d’un prochain roman avec Hougaard mise en avant plutôt que Risk ?
Pour Fabian Risk le Suédois et Dunja Hougaard la Danoise, c’est une véritable guerre des polices qui s’est engagée. En effet, Fabian est sur la piste d’Ingvar Molander, le chef de la police technique et scientifique, qui a déjà tué un autre collègue qui avait un peu trop fouillé son passé. Quant à Dunja, c’est Kim Sleizner, son ancien chef qu’elle a discrédité, qui est maintenant sur sa piste bien décidé à la faire taire définitivement. Mais n’oublions pas que Dunja a un petit côté Lisbeth Salander – en hommage au grand Stieg Larsson – et elle ne va pas se laisser faire, voire même riposter. Mais quand donc ?
Même si le tueur confie ses actes au hasard, il se tient au scénario que les dès lui impose quitte à se mettre en danger. Le hasard peut cependant jouer aussi contre lui, par exemple quand Lilja quitte son néonazi de mari et s’installe dans l’appartement d’à côté. Et si finalement Molander et Risk faisaient un pacte pour en finir en beauté sur cette affaire. Ça peut paraître étrange, mais tout est possible dans ce récit haletant. Et vous êtes loin d’avoir tout vu.
Avec 36 façons de tuer, Stefan Anhehm signe son roman le plus noir, le plus complexe, mais aussi le plus immersif. Il fait défiler toutes les facettes de l’âme humaine au travers de multiples personnages quitte à ce que ce ne soient que des figurants. Le manque d’amour fabrique-t-il des monstres ou est-ce simplement le destin et le hasard qui en décide. Un superbe roman qui clôt un diptyque éprouvant aux rebondissements multiples et inattendus. Bien sûr, et on ne le souligne que trop rarement, cette qualité ne serait pas restituée sans le travail appliqué de Caroline Berg, la traductrice qui s’est attaquée à ce monument.