En matière de création graphique, le dénommé Max Sulfur n’est pas un petit débutant : né en 1971, il a une carrière de dessinateur publicitaire derrière lui, et il aura attendu longtemps avant de sauter le pas et se lancer dans la BD. Kiff, volume 1 fait donc office de galop d’essai, à ceci près que son coup de crayon n’a rien de celui d’un novice. Franchement à son aise pour croquer des anatomies très réalistes, l’artiste a choisi de foncer tête baissée dans la bande dessinée classée X, et pour ce tout premier tome, il a choisi d’accomplir ce que plein d’autres, y compris les plus grands, n’ont pas souvent fait : raconter les audaces sexuelles de jeunes femmes aux galbes très ronds, loin des formes fines et graciles des filles des albums de Milo Manara, par exemple, pour ne citer que ceux-là.
Pleines de rondeurs et sans aucun complexe, les héroïnes de Kiff en ont après Markus Alexy, un prof de latin qui n’a pas une seconde à lui pour nous entretenir de Plaute : au pensionnat de jeunes filles (ha ha !) où il enseigne, ou bien chez lui, ou alors en vacances, et même dans une retraite à la campagne où il travaille à devenir écrivain, fatalement des demoiselles plantureuses lui sautent au paf, à son corps défendant. Malgré ses protestations, le « pauvre » Markus se retrouve embringué dans des orgies où ses atermoiements coupables ne suffisent pas, loin s’en faut, à le faire débander. Du côté des filles, on ne s’encombre pas de considérations morales : autour du latiniste, les furies tout sourires s’adonnent sans retenue au plaisir, échangeant entre elles des montagnes de propos salaces.
Doit-on prendre ces chapitres, où règnent avec une autorité lubrique des déesses callipyges, comme autant de nouvelles pierres ajoutées au bastion du féminisme ? Difficile de trancher, on n’a pas forcément de leçons à tirer de tout ça, et Max Sulfur laisse peut-être tout simplement courir son imaginaire peuplé de créatures au physique fort et au caractère affirmé. Des silhouettes qu’on retrouve aussi dans de petits interludes science-fictionnels où la haute technologie vient en aide à des groupes de copines désireuses de s’éclater avec un mâle privé de son libre arbitre, à leurs ordres et à leurs pieds. C’est gentiment absurde, aussi hard que le reste et, avouons-le, l’argument SF nous fournit une merveilleuse excuse pour parler dans nos pages de cette nouvelle parution de l’éditeur Tabou !
En librairie le 14 mars 2023, mais il est déjà possible d’acquérir l’ouvrage au format numérique. Est déjà annoncée la parution du tome 2, non plus consacré aux Vénus « pulpeuses et généreuses » mais aux beautés « félines et perverses ». Ce sera pour le mois de mai, on guette les yeux grands ouverts cette arrivée printanière…