Troisième et dernier volet de la série Straw Men de Michael Marshall, après Les Hommes de paille et Les Morts solitaires. Bragelonne poursuit — et achève — la réédition en format poche de cette trilogie d’importance signée de l’auteur de thrillers britannique, publiée initialement entre 2001 et 2005. On retrouve l’agent du FBI Nina Baynam, son compagnon (et ancien de la CIA) Ward Hopkins ainsi que John Zandt, l’ex-flic du LAPD obsédé par la traque du meurtrier de sa fille, celui qui se fait appeler « l’Homme Debout », sous les verrous à la fin du tome deux mais dont on apprend l’évasion dès les premières pages…
L’argument du psychopathe pourtant sous bonne garde et qui parvient à s’enfuir pourrait sonner un peu faux, comme un artifice pour relancer l’intrigue, mais il n’en est rien. Jonglant toujours entre narration à la première et à la troisième personne, cet ultime chapitre de la saga criminelle passionne d’un bout à l’autre. L’Homme Debout ne s’est pas échappé sans aide, les « Hommes de paille » sont toujours à la manœuvre, entité clandestine de milliers d’assassins haïssant l’humanité au point de se considérer comme une race à part. Qui fait partie de cette communauté ? À qui peut-on faire confiance ? Tout au long du récit, ces questions taraudent le trio de héros, qui vont devoir puiser au fond de leurs ressources pour tenter de déjouer un attentat à grande échelle. Scindée en trois fils narratifs distincts qui finissent par habilement se nouer, l’histoire est certes invraisemblable (le cadre américain provincial est très authentique, mais comment concevoir une organisation internationale d’assassins, qui plus est ancienne de plusieurs millénaires ?). Cependant, (re)découvert à notre époque, où paranoïa et hantise des complots vont bon train, le roman ne manque vraiment pas de sel, sans compter que l’aspect technologique du récit, non négligeable, nous fait replonger avec une curiosité amusée dans ce à quoi ressemblaient Internet et son utilisation en 2005. Une époque encore proche de nous, et qui pourtant apparaît aujourd’hui comme une sorte de Moyen-Âge, avant la généralisation des connexions haut débit et du wifi, avant l’avènement des smartphones et l’apparition des réseaux sociaux. La caractérisation exemplaire des personnages (de premier plan comme secondaires) de même que l’excellente traduction française (de Jean-Pascal Bernard), quant à elles, ne vieillissent pas.
En librairie depuis le 4 mai 2022.