Winter World, deuxième tome. On sait maintenant que la planète Terre a été privée du rayonnement solaire par… non, on ne va rien révéler par égard pour vous si vous n’avez pas encore lu L’Hiver du monde, premier volume de cette saga de science-fiction. Disons alors simplement que le scientifique James Sinclair et les autres survivants du nouvel âge glaciaire sont basés en Afrique du Nord, à l’emplacement de ce que nous appelons aujourd’hui la Tunisie. La victoire remportée dans le premier livre a permis aux populations de retrouver les bienfaits du soleil et, dans le climat radouci, de recréer quelques grandes cités. Mais voilà : trois astéroïdes énormes éjectés de la ceinture de Kuiper se dirigent droit sur la Terre. Sinclair et les siens doivent s’affairer de toute urgence pour contrer cette nouvelle menace mortelle…
Comme le déclara un jour l’astronome Carl Sagan, la Terre n’est que le berceau de l’Humanité, et il arrive un jour où, forcément, on quitte son berceau. C’est le destin qui semble attendre les milliers d’hommes et de femmes rescapés des aventures du premier volet, qui vont devoir s’évader loin, très loin de la planète-mère devenue un lieu invivable. La perspective de ce nouveau départ est a priori l’enjeu principal de La Guerre solaire. Cependant A.G. Riddle, tel qu’il nous l’apprend dans la postface, a choisi de développer son récit romanesque en trois tomes plutôt qu’en deux comme initialement prévu. Il est donc bien question d’un départ de l’Humanité pour un nouveau monde, cependant l’essentiel de ce deuxième roman se déroule bien sur Terre, racontant les dissensions et luttes entre deux factions de survivants alors que le grand hiver revient, pour toujours.
Le récit n’est pas toujours palpitant, il s’avère même longuet par moments, surtout que l’auteur ne pouvait guère faire autrement que de conserver la narration à deux voix qui était de mise dans L’Hiver du monde (on passe toujours, d’un chapitre à l’autre, du point de vue de Sinclair à celui d’Emma, sa compagne rencontrée dans le premier tome). Le « double-je » a pour effet de ralentir encore l’action (diminuée par la première aventure — elle boite — et qui plus est enceinte, Emma n’est pas le personnage le plus mobile et actif de l’histoire) mais heureusement, l’alternance métronomique des chapitres James/Emma finit par aboutir à ce qu’on passe des centaines de pages à guetter : le départ pour une destination lointaine. Les quatre-vingts dernières pages sont passionnantes, avec notamment des précisions temporelles qui donnent le vertige, et le nouveau décor qui attend les héros promet un troisième et ultime tome riche en découvertes et en suspense. Passé le cap de ce long chapitre de transition, on attend donc la conclusion avec un intérêt renouvelé.
En librairie depuis le 5 janvier 2022.