Grâce à la longue préface du scénariste Roy Thomas, on apprend tout des origines de la grande rouquine Red Sonja, imaginée par le romancier Robert E. Howard en 1938. Sous la plume d’Howard, la guerrière n’évoluait pas dans un univers d’heroic fantasy mais dans l’Autriche du 16ème siècle. Ce fut dans les années 1970 que Roy Thomas, aux manettes des aventures de Conan pour le compte de la Marvel, eut l’idée de réinventer le personnage pour l’inclure aux aventures en BD du célèbre barbare cimmérien. À partir de novembre 1975, Sonja eut droit à sa propre série, dont voici aujourd’hui la réédition en format broché.
La toute première histoire du recueil, intitulée en toute simplicité Red Sonja, bénéficie du trait particulièrement fin et soigné du dessinateur espagnol Esteban Maroto (les autres voient se succéder Dick Giordano puis Frank Thorne, de vrais pros mais à la patte un peu moins raffinée — les délais serrés à tenir, une fois la série lancée, expliquant sans doute cela). Trahie par son employeur, le roi Ghannif de Pah-Dishah, l’héroïne se retrouve prisonnière du harem du monarque, un potentat grassouillet qui par ailleurs entretient une relation homosexuelle avec son garde du corps blond et musculeux. Cela va sans dire, la guerrière ne se laisse pas faire longtemps et, à la première occasion, règle leur compte aux mâles indélicats pour galoper ensuite vers de nouvelles aventures (au passage, elle ne manque pas non plus de rudoyer quelques favorites empressées de lui faire rejoindre le rang des courtisanes obéissantes). Une superbe entrée en matière, avec une Sonja dont le talent d’escrimeuse n’a d’égal que son sens affûté de la répartie.
Ce premier tome (d’une série qui en comptera quatre) réunit huit histoires, initialement parues en 1975 et 1976, au cours desquelles Sonya ne se départit jamais de son fameux « bikini en acier », armure minimaliste, certes, mais amplement suffisante pour que la rouquine se tire toujours sans bobo des situations les plus compliquées. Point d’orgue des échauffourées où Sonya doit croiser le fer, La Guerre des barbares, en fin de volume, la voit se frotter avec la plus grande brutalité à Conan en personne, les deux héros se découvrant concurrents dans une course à un artefact magique (une page de grimoire riche de puissants sortilèges). La rencontre ne manque vraiment pas de piquant (avec une joute verbale autant qu’armes à la main) et se conclut en pointillés… Suspense ! C’est le choix éditorial de l’éditeur Graph Zeppelin, un parti pris cruel et néanmoins efficace car on n’a qu’une envie : passer d’autres stimulants moments de lecture en compagnie de la « diablesse à l’épée ». Par Mitra, vivement la suite !
Disponible en librairie à partir du 9 mars.