En 1914, alors que le monde se prépare à l’apocalypse, un jeune climatologue est débarqué sur une île rocheuse et inhospitalière, près du cercle antarctique afin d’y étudier la force des vents. Alors que le bateau s’éloigne, il est loin d’imaginer que d’étranges créatures peuplent déjà l’île.
Après Budapest, Xavier Gens revient au film de genre avec Cold Skin produit par les Espagnols. Si l’on rentre facilement dans l’histoire grâce à une belle ambiance, le film manque d’un scénario bien ficelé pour fonctionner et tourne finalement un peu trop en rond.
Le film pêche assez vite à cause d’un scénario brouillon dans lequel il manque beaucoup d’explications pour comprendre l’histoire. On ne comprend par exemple jamais que l’histoire se déroule en Antarctique et si choisir le contexte de la Première Guerre Mondiale permet de produire un film historique, ce choix précis reste un prétexte à l’histoire. L’origine des créatures reste inconnue et on a du mal à en comprendre la raison. Quant à la mission de Friend, elle est très vague et ne permet pas d’explorer suffisamment le personnage. Si Ray Stevenson s’en sort bien (comme d’habitude), son personnage, d’abord intrigant et attachant, devient rapidement désagréable, car il tombe dans un certain nombre de clichés: vieil homme solitaire bourru, alcoolique; qui abuse de la créature femelle recueillie et persuadé d’être le maître de l’île. Il n’y a aucune subtilité chez Gunner qui veut juste anéantir un peuple pourtant présent avant lui sur l’île.
La créature justement. Sauvée par le gardien de phare, elle est devenue une sorte d’esclave qu’il traite comme un chien (au sens propre comme au sens figuré!). Comparée aux autres, elle ressemble bien plus à une humaine. Pourquoi? Dans les bonus, les designers expliquent qu’il fallait la rendre « sexy » tout en gardant le côté mammifère marin. Les créatures mâles sont bien sûr agressives et monstrueuses. Niveau clichés il semblerait qu’on ne puisse pas mieux faire! Le physique d’Aneris est assez vite un problème, car sa différence dessert complètement le propos, à l’inverse d’un film comme Border, par exemple, où la monstruosité reste monstrueuse. Pourtant, l’actrice ne démérite pas dans sa performance tout à fait crédible et c’est d’ailleurs le seul personnage auquel on s’attache réellement.
Enfin, tournées trop souvent dans un noir presque total, les scènes d’attaques de créatures manquent vraiment de tension. De plus, les réactions de Friend ne semblent pas cohérentes à la situation: dès le départ, il n’ose pas tirer, mal à l’aise face à la cruauté dont Grunner fait preuve, pourtant source de leur survie. Si la niaiserie du personnage est compréhensible au début, elle l’est beaucoup moins passées 40 minutes!
CONCLUSION
Cold Skin est un film technique: maîtrise de la réalisation avec de superbes décors, des effets spéciaux réussis, un travail sur la lumière de qualité et surtout une très belle bande-son, mais qui finalement ne dépasse jamais ces bases scolaires. Beaucoup d’incohérences scénaristiques, un traitement trop manichéen et un point de vue pas assez appuyé nous laissent sur notre faim. Vraiment dommage.