Résumé :
Riche collectionneur, Andrew Valdano recourt régulièrement aux services d’Alex Whitman pour lui trouver des raretés cinématographiques (affiches ou pellicules originales de films).
Ce dernier rechigne à exercer ses talents pour ledit armateur américain, suite à un drame familial lié à une précédente affaire où il l’avait affrété.
Toutefois, il ne résiste pas à la quête qui lui est offerte. De chercher et retrouver « Séance infernale», la mystérieuse première œuvre d’Augustin Sekuler, le premier homme à avoir enregistré des images animées sur une pellicule des années avant Edison et les Frères lumières (inventeurs officiels du cinéma).
Ces pas emmènent Whitman à Edimbourg, qu’il a fui et d’où l’inventeur est originaire.
La ville écossaise fait face à d’horribles meurtres d’enfants, après une longue période d’abstinence, le monstre sévit de nouveau.
Notre avis :
Dès les premières pages, on se rend compte de l’originalité qui se dégage de ce premier roman de Jonathan Skariton, publié en France chez Sonatine.
Un personnage principal à la limite de l’antihéros, dont on découvre très vite les tendances à l’arnaque, et qui se révèle torturé par son passé, voire littéralement hanté.
L’éditeur évoque Dan Brown, mais bien plus intéressante est la référence à La Conspiration des ténèbres de Théodore Roszak. Nos premières impressions de lecteur nous amènent à penser également à Harry Angel, le détective du Sabbat dans Central Park de William Hjortsberg (devenu sur le grand écran Angel Heart, réalisé par Alan Parker), effectivement quelques passages flirtent avec le surnaturel, même si l’intrigue se déroule dans un cadre réaliste. L’évolution des différents personnages au sein de l’Histoire du cinéma, à une époque où les techniques visuelles s’apparentaient à de la magie, conforte cette impression.
On se délecte tout autant des nombreuses références en tout genre, pour peu que l’on soit amateur du septième art, des œuvres pionnières aux films plus récents (Shining, Barbarella, Les Goonies, etc.). Le personnage d’Augustin Sekuler est en grande partie fondé sur Louis Aimé Augustin le Prince, ingénieur et inventeur français qui a lui aussi disparu de façon inexpliquée (pour preuve les similitudes entre la filmographie de l’un et l’autre, des titres d’œuvres très proches).
La découverte des sous-sols d’Edimbourg, décor d’une chasse au trésor échevelée dans la seconde partie du roman, est également digne d’intérêt, cela change des États-Unis, même si le début du livre s’y déroule.
Jonathan Skariton s’essaye également à quelques exercices de style dans la rédaction et la mise en page, ce qui est là aussi loin d’être inintéressant, en plus des passages codés.
Il faut néanmoins tempérer cet enthousiasme.
Malgré de bonnes idées, le récit ne tient pas toutes ses promesses, et on regrettera une construction un peu maladroite, marquée par un déséquilibre entre la part que l’écrivain donne à Whitman et les autres : les personnages secondaires apparaissent mal exploités, à commencer par le sidekick de Whitman, Charlie, en passant par l’inspectrice McBride et Elena Genhagger.
Assurément, l’auteur aurait gagné à étoffer un peu plus l’ensemble, quitte à alléger les parties sur l’Histoire du cinéma, en revanche parfaitement maîtrisées.
Séance infernale apparaît donc comme un roman qui laisse entrevoir un véritable potentiel, de même Jonathan Skariton montre un certain savoir-faire, qui explique l’intérêt que Sonatine a pu trouver à ce manuscrit qui met en scène les personnages dans un environnement rare et remarquable.
Un premier essai prometteur qui pourrait voir consacrer dans ses prochaines œuvres un nouveau nom important dans le genre du thriller.