Résumé :
Les preuves du réchauffement climatique sont là ! On relève des températures caniculaires en mars au Japon.
Un jeune garçon et son ami Kazu se décident à quitter la fraîcheur d’un fast food pour prendre le bus et rentrer chez eux.
Enrhumé, Lye porte un masque facial qui va le protéger du gaz soporifique que le chauffeur diffuse dans le véhicule ; du moins le temps qu’il se rende compte des événements qui se déroulent autour de lui.
A son réveil, il se rend compte qu’il est entassé dans la benne d’un camion avec des personnes inanimées. Le poids lourd sillonne une immense et effrayante usine.
Les employés de l’endroit s’étonnent de le retrouver en possession de ses moyens, mais ne le poussent pas moins dans une rampe pour le faire tomber dans une pièce où d’autres individus sont entassés.
Alors qu’il s’apprête à s’abreuver aux tuyaux mis à sa disposition, Lye est pris à partie.
Notre avis :
Les auteurs de Starving anonymous ne sont pas des inconnus du catalogue : les dix tomes de Fortness of Apocalypse de Yû Kuraishi (scénario) et Kazu Inabe (dessin) ont été auparavant publiés aux éditions Pika.
Ici, il n’est nullement question de zombies, comme dans la série précédente, même si le propos n’est pas sans rappeler la façon dont George Romero les appréhende : la société de consommation est indiscutablement la principale cible de cette histoire, qui suscite un certain malaise à sa lecture.
Kazu, le héros découvre, en même temps que nous, un immense élevage où des hommes kidnappés sont gavés pour servir de nourriture à d’étranges insectes géants (on pense aux mantes religieuses), ceux qu’il a aperçu congelés, lors de son trajet en camion, sont-ils destinés aux mêmes « Affamés anonymes » ?
L’horreur est parfaitement retranscrite par Kazu Inabe. Bien qu’il manque un peu de finesse et que ses planches soient de qualité inégale, son trait nous fait ressentir l’addiction éprouvée par les humains (que l’on gave de liquides nutritifs jusqu’à ce qu’ils deviennent obèses) aussi bien qu’un profond dégoût à la découverte des autres secrets que le héros et ses compagnons de galère vont mettre au jour.
Une certaine forme d’écœurement ne nous prive pas, pourtant, de l’envie de découvrir la suite de ce monstrueux seinen : quelle est la place dans la chaîne alimentaire qu’occupent ces prisonniers (dont le traitement est digne de celui que l’on prodigue aux oies) ? qui peut diligenter cette effroyable industrie ?
On termine ce premier tome (la série en comptera sept) sans avoir de véritables réponses. Même s’il y a peu de développements, le décor est posé.
Un manga à ne pas mettre entre toutes les mains car assez malsain par son approche, mais qui ne nous amène pas moins à nous interroger sur nos habitudes de consommation.
Rendez-vous fin novembre pour la suite !