C’est de notoriété publique : le monde de la finance et du business est un biotope de requins sans foi ni loi. Prenant cette métaphore animale au pied de la lettre, Joe Lynch (réalisateur en 2014 du chouette Everly avec Salma Hayek) et son scénariste Matias Caruso ont imaginé une population de cadres sup qui, faisant sauter le verrou des conventions sociales, laissent libre cours à leurs pulsions les plus sauvages pour régler leurs différends ou tailler leur chemin dans la hiérarchie de leur boîte de « consulting ». La faute à un virus nouveau, baptisé « ID-7 », qui efface toute inhibition chez les sujets atteints (comme une version plus soft de la rage dans 28 jours plus tard, les infectés conservant parole et conscience et ne versant pas stricto sensu dans le cannibalisme).
Mayhem (« le chaos »), film plutôt inégal, entend nous amuser avec la peinture de messieurs-mesdames en tailleurs et costumes cédant à tous les excès, physiques, verbaux et sexuels (à l’occasion, alors que tous alentour s’étripent, le virus conduit quelques cravatés à culbuter des congénères en jupe sur un coin de bureau). Sur le papier, l’argument est en effet très marrant, cela dit le spectacle a du mal à être aussi foldingue qu’il le voudrait. Le scénario nous raconte la revanche sanglante d’un jeune cadre injustement licencié, Derek (Steven Yeun, vu dans The Walking Dead), et de son acolyte de circonstance Melanie (Samara Weaving), une juriste elle aussi en bisbille avec le cabinet de conseil. Dans le building placé en quarantaine par les services sanitaires (donc personne n’entre ni ne sort de la cocotte-minute), Derek et Melanie, infectés comme tout le monde par le virus, affrontent la population des différents étages selon un schéma narratif éculé de jeu vidéo, se coltinant à intervalles réguliers des « boss » de fin de niveau avant d’atteindre in fine le grand patron, planqué tout en haut de l’immeuble. Ajoutons que si les deux héros luttent avec bravoure contre l’adversité en col blanc, leurs personnages paraissent souvent factices, avec une agressivité pathologique variable selon les besoins des scènes. En outre Melanie, avocate en talons et néanmoins tatouée-et-fan-de-metal, se veut une sorte de Barbie destroy qu’on a un peu de mal à toujours prendre au sérieux et en sympathie, et les délires sadiques et autoritaires du P.-D.G. cocaïnomane (joué par le dénommé Steven Brand, un comédien écossais) sont au bout du compte beaucoup plus jubilatoires à regarder.
DVD et blu-ray disponibles depuis le 3 juillet 2018.