Le bar est un rade mal famé comme tant d’autres, avec ses coins sombres, les marchands parlant à voix basses de commerces illicites, ceux à la parole haute jouant aux cartes ou aux dés. L’homme est un marin comme tant d’autres, descendu d’un navire après un très long trajet si l’on en croit sa démarche. Dans la salle de la Veuve Noire, le silence se fait, le temps pour tous de jauger l’arrivant, puis la vie reprend son cours.
Comme tous les navigants, l’homme aime bien raconter des histoires. Sa gouaille est telle que tout le monde se tait pour l’écouter, et la rumeur se répand, la salle se remplie. Il faut dire que ce n’est pas n’importe quel récit. L’homme raconte le retour de Bloody Marie, la fille du Ravageur de Mondes, la plus féroce des pirates encore en activité. Fière dans son armure de combat, un coutelas dans une main, un aiguilleur dans l’autre, Marie-Jeanne défie les tirs de plasma, fait plonger son vaisseau sur une station orbitale sans défense, et repart les soutes pleines de richesses.
Les fils du large sont devenus les fils du vide, les trois-mâts de la Terre d’Origine sont des navettes traversant l’espace, mais le combat est toujours celui de l’espoir, de l’aventure et de la liberté.
Le monde de Bloody Marie est situé dans un lointain futur. Les Hommes ont atteint un très haut niveau technologique, se sont répandus dans la galaxie pendant l’Essor, avant que toutes les colonies ne se retrouvent isolées les unes des autres lors de l’Effondrement. Depuis peu le commerce inter-systèmes reprend, et avec lui la piraterie.
L’auteur réussit à amener le lecteur dans son monde, au milieu des combats, des histoires de pirates et de corsaires, alors que tout se déroule dans l’espace.
Le choix de faire raconter cette histoire par un mystérieux marin qui s’exprime entre chaque chapitre, pour repasser au récit à la première personne vu par un des personnages principaux donne l’impression d’être assis dans la salle avec les autres auditeurs à écouter les aventures de Bloody Marie, Robinson, La Buse, Singe Vert et tous leurs compagnons.
Les ingrédients classiques sont là : les combats à un contre dix, la belle aux yeux doux, le quartier-maître au bord de la mutinerie, la mort, la vengeance et la bonté d’âme. Pourtant à aucun moment la sensation de déjà-vu ne remplace le plaisir de la lecture.