Freud et Jung étaient d’accord sur ce point : les rêves sont des constructions de symboles qui se décryptent. Prenant ses distances avec les méthodes d’interprétation des deux illustres psychanalystes, le professeur Angus a imaginé une manière tout à fait nouvelle de pénétrer les songes, ou plus exactement les cauchemars. Son but : débarrasser certains jeunes des rêves qui les tourmentent. Son fils Tristan et son ami Esteban, tous deux 14 ans, forment avec le scientifique la « Brigade des cauchemars », un trio capable d’entrer littéralement dans les rêves effrayants des patients pour en découvrir l’origine et la détruire.
Le sujet psy s’avère plutôt sérieux, son traitement par le romancier Frank Thilliez (scénario) et Yomgui Dumont (dessin) est à même de faire souffler sur les pages un vent d’aventures fantastiques. Comme le fit, par exemple, Dennis Quaid dans le film Dreamscape (1984), les héros investissent les univers oniriques et s’y déplacent comme s’ils exploraient, physiquement, un monde inconnu. Pour ce premier « dossier », intitulé « Sarah », Tristan et Esteban s’engagent dans l’inconscient d’une ado épuisée par une épouvante nocturne récurrente. Le background familial de la jeune patiente livre les premiers indices — des parents en plein divorce —, mais d’autres pistes seront à explorer avant de pointer la source des frayeurs inconscientes de Sarah.
Supervisés par Angus derrière ses moniteurs, Tristan et Esteban nous emmènent au fil des pages dans un univers angoissant construit de toutes pièces par la psyché de la jeune fille endormie et, bien sûr, par le crayon inspiré de Yomgui. Les yeux parfois énormes, reflets des émotions fortes, le travail sur les ombres et pénombres (un bel aperçu en couverture) créent une ambiance des plus étranges qui ne nous épargne pas des moments très inquiétants. Les mauvaises rencontres qui attendent les héros dans le monde des rêves ont lieu dans un décor urbain déliquescent (tel qu’on peut en visiter dans les films de zombies ou post-apo.), et le suspense se double, dans le monde réel, d’interventions extérieures pouvant mettre l’expérience, et donc les personnages, en péril. Le récit très bien mené se suit avec un intérêt constant jusqu’à la dernière page et sa conclusion en pointillés, « cliffhanger » angoissant qui nous fait guetter d’ores et déjà la suite les yeux grands ouverts.
La Brigade des cauchemars est le tout premier titre d’une nouvelle collection jeunesse riche en chocottes et baptisée « La collection Frisson », de l’éditeur Jungle. Un tome inaugural disponible en librairie depuis le 11 octobre.