Les humains se sont essaimés dans l’univers depuis la Terre. Parmi les planètes sur lesquelles ils ont posé le pied, Deloria. Une petite colonie y cohabite avec les autochtones, les Geyn, divisés en Dras, Fu et Syn, trois castes qui apprécient diversement cette présence étrangère. Deloria est avant tout intéressante pour ses mystères scientifiques : la grotte des frahmabores où des plaques mouvantes dessinent aléatoirement des pictogrammes qui semblent receler un sens secret ; les mornes, rochers qui exercent une force d’attraction à leur approche, transformant en pierre tout ce qui les touche, invulnérables à toute attaque ; enfin les Geyn eux-mêmes dont l’organisation sociale reste inconnue et qui peuvent, en formant un carré d’individus, donner un pouvoir sans borne à un « porteur de Mot » placé au centre. Du côté humain, nous allons suivre un campement de scientifiques, et particulièrement son chef, Gary Ulmerson, et leurs protecteurs militaires avec à leur tête Thorn Unger, ainsi que le gouverneur Aymoric de Boismaison atteint d’une maladie qui ronge peu à peu ses souvenirs depuis son enfance, sans oublier un paria, atteint de la « blègue brune », une maladie que l’on pourrait comparer à la peste. Chez les Geyn, nous nous intéresseront spécifiquement à Lynyk et Muidzi, deux « adeptes de la Voix » en pèlerinage vers l’Origine.

 

L’univers ici développé est très original et très riche, tout simplement passionnant ! Y rentrer s’avère un tant soit peu difficile car Richard Canal cherche une narration réaliste dans laquelle il n’explique pas le fonctionnement de chaque chose qui nous est inconnue. En effet, dans un roman qui parlerait de la France de 2005, il ne viendrait à l’idée de personne d’expliquer le fonctionnement d’une voiture lorsque le terme est employé pour la première fois. Cela nuit à la compréhension au tout début, mais donne au final une qualité de récit très supérieure. Le style de Richard Canal est très fluide, émaillé d’images d’une poésie incroyable qui n’est pas sans rappeler Pierre Bordage.

 

Deloria est un très bon roman qui s’inscrit dans le style des ouvrages parus ces dernières années, mais doté d’une personnalité forte et d’un univers riche en couleurs. A découvrir !