Ragdoll fleure bon le serial killer raffiné à l’Hannibal Lecter ou à la Seven. Dès le prologue, nous nous trouvons immergés juste avant le verdict d’un procès-fleuve. Sur le banc des accusés se tient celui qu’on a surnommé le Tueur Crématiste. Son mode opératoire : immoler par le feu des fillettes à une cadence industrielle. Il aurait pu pratiquer son art encore longtemps, et par la même, terroriser la capitale britannique et sa banlieue si l’inspecteur William Oliver Layton-Fawkes – Wolf – n’avait mis fin à sa carrière incendiaire. Nous verrons lors de ce prologue, comment le verdict va déplaire à Wolf. A tel point qu’il va commettre ce qu’on qualifiera au minimum de faute professionnelle.
Quatre ans plus tard, on retrouve le sergent Wolf, réintégré à Scotland Yard. Il a perdu son grade, son logement et son mariage. Il garde cependant son caractère soupe au lait qu’il s’efforce de maîtriser dans la plupart des situations. Il n’a pas vraiment le temps de se refaire une santé. En effet, en face de son immeuble, on découvre un cadavre constitué des membres de six personnes à identifier – dont la tête du Tueur Crématiste. Si l’histoire se limitait à ces éléments, nous aurions déjà un beau sujet de thriller, mais non, ce n’est pas assez pour Daniel Cole.
Outre la poupée de chiffon, la « ragdoll », il y a une liste de six autres victimes à venir et les dates de leurs morts programmées. La police londonienne va se mettre en branle pour protéger toutes ces cibles et Wolf sera en première ligne lors de cette enquête. D’autant que son nom est le dernier de ladite liste. Et pour simplifier les choses, vous imaginez bien les liens tendus qu’il peut exister entre la presse et la police pour ce type d’affaires. Alors quand Andrea Hall, l’ex-femme journaliste de Wolf, décide de relancer sa carrière en communicant la liste à heure de grande écoute, vous imaginez bien que toutes les conditions sont réunies pour bien pourrir la vie des forces de police.
C’est un bras de fer qui va peu à peu s’engager entre Wolf et le serial killer bien décidé à réussir son challenge. Les personnages secondaires sont d’un grand réalisme, c’est à eux que Daniel Cole consacre les premiers chapitres laissant penser à une baisse de régime. Non, en auteur affuté, il plante le décor une bonne fois pour toutes avant d’embarquer le lecteur dans cette œuvre perturbante. En effet, Wolf a tous les éléments en main, et pourtant, même si vous êtes un lecteur affuté du genre, vous aurez un mal de chien à voir comment le tueur va arriver à ses fins.
C’est par cette créativité qu’on est happé dans ce thriller de haut vol. Bien écrit, avec cependant quelques cliffhangers de fin de chapitres qui peuvent sembler parfois trop légers, la tension narrative ne se relâche pas tout le long du récit. Nous touchons là à une certaine forme de la perfection du genre, aussi vous ne serez guère surpris d’apprendre que Ragdoll a été traduit dans 35 pays et qu’il est actuellement adapté en série TV. Les Etatsuniens savent faire de bons films de genre, mais ce sont les Britanniques – et parfois les Scandinaves – qui réalisent les meilleures séries de thriller. J’ai réellement hâte de voir ce que cela va donner. Dans tous les cas, il s’agit d’une référence du genre à mes yeux.