Les films de monstre qui font la part belle aux personnages ne sont pas légion, il ne faut donc pas laisser passer celui-ci, sobrement intitulé, dans lequel une mère divorcée et sa fille de 13 ans sont attaquées en pleine nuit, sur une route de forêt, par une créature cauchemardesque. Kathy, la trentaine, minée par ses addictions (à l’alcool, au tabac), est une maman déplorable pour la jeune Lizzy. Incapable d’assurer l’éducation d’une enfant qu’elle a eue étant encore ado, Kathy a fait de la vie de sa fille un calvaire et, suivant le souhait de la petite, elle conduit Lizzy chez son père. Mais il y a de la route à faire. Un pneu qui éclate à minuit, sous la pluie, les laisse à la merci d’une bête féroce qui hante les bois et semble tout droit sortie des enfers…
Le troisième long métrage de Bryan Bertino (The Strangers) réussit à ménager une sacrée ambiance dès lors que les deux héroïnes, coincées dans leur véhicule sous une pluie battante, prennent peu à peu conscience de la présence du monstre alentour. Zoe Kazan (dans le rôle de la mère indigne — l’actrice est la petite-fille du cinéaste Elia Kazan) et la toute jeune Ella Ballentine (née en 2001) sont formidables. Leur duo n’est pas intense que dans la voiture : plusieurs flashbacks viennent étayer leurs personnages en dévoilant les affres, pour l’une comme pour l’autre, d’une vie familiale gâchée par la bouteille. Certaines de ces séquences d’une tristesse insondable sont très dures à regarder, perturbantes, plus, finalement, que les passages horrifiques où la bestiole, tous crocs dehors, passe à l’action en s’attaquant, notamment, à un brave secouriste venu remorquer le véhicule accidenté. Et aux yeux des spectateurs, l’existence de cette bête noire, malfaisante, mue par sa seule voracité, a tout d’une métaphore renvoyant au démon intérieur qui ronge la maman. Coup de chapeau à Bertino (qui signe aussi le script) et à ses deux comédiennes, d’une implication exemplaire, tout particulièrement Ella Ballentine. Pour une gamine de 13 ans, même rompue à l’art dramatique, les passages les plus intenses, noyés sous les pleurs comme sous la pluie, ont été forcément très délicats à tourner.
The Monster est sorti hier, 11 novembre, dans les salles américaines. Le film est également visible, aux États-Unis, en vidéo à la demande. Espérons qu’un distributeur français aura très vite la volonté de diffuser le titre dans l’Hexagone…