Résumé : Après l’enlèvement d’Higashiyama, un des leurs, les élèves d’un groupe d’archéologie font naufrage sur Kikuchi, une île fantôme, qui n’apparait sur aucune carte. Traqués au travers l’île par une famille de monstres, ils voient en l’arrivée providentielle d’Hideo Murata, un flic à la recherche de sa fille Ami, la fin de leur périple sanguinaire : il n’en est rien en réalité ; d’autant avec l’entrée en scène de Marie, la sœur ainée de Kaoru, le tueur à la tête de cochon. Notre avis : L’horreur franchit une nouvelle étape dans ce troisième volet de Freak Island publié aux éditions Delcourt. Annoncée dans le tome 2, l’arrivée de Marie (on peut la voir en couverture de cet opus avec ses lames au bout des doigts et son masque en peau humaine) n’en est pas la seule raison. Si l’on peut croire à l’arrivée de la conclusion de cette série à la moitié du volume, rien n’est moins vrai puisque l’intrigue de Masaya Hokazono se voit relancée de plus belle à grand coup de scènes encore plus gores que celles déjà découvertes dans les pages précédentes de ce seinen et l’adjonction d’au moins un nouveau personnage des plus inquiétants : l’écolier. Même si son trait n’est pas toujours régulier, que le mélange entre dessin et photo n’est pas toujours très réussi, le moins que l’on puisse dire c’est que le mangaka n’a pas son pareil pour mettre en scène les massacres perpétués par Joseph et ses enfants (Kaoru et Marie), allant jusqu’à nous les imposer en double page (ce qui réduit considérablement le temps de lecture de ces nouvelles 160 pages), et que renommer les chapitres « atrocités » relève de l’avertissement bienvenu. L’histoire jugée de premiers abords classique, continue de s’étoffer et étrangement outre reprendre les thèmes chers à son créateur, déjà abordés dans « Emerging », ou « Inugami, le réveil du Dieu chien » (Delcourt), fait ressortir de plus en plus des références au cinéma d’horreur, et à Wes Craven en particulier : quelque part entre « La colline a des yeux » et « Les griffes de la nuit ». Il est vrai également que l’allure de Kaoru et d’Ami rappellent le design des serviteurs de Jigsaw dans les films Saw, licence initiée par James Wan. Difficile de ne pas voir Tobe Hooper et Leatherface (« Texas Chainsaw ») dans le personnage de Marie qui aime à charcuter les visages de ses victimes pour s’en faire des masques, il est vrai que le carnage à la tronçonneuse était déjà présent dans le tome précédent. Les naufragés perdent de plus en plus de leur innocence et se montre désormais vraiment aussi sauvages que les dégénérés qui les ont accueillis sur l’ile de Kikuchi. Takaku va enfin parvenir à libérer sa conscience en faisant part à ses compagnons de ce qu’il sait sur la nature de l’ïle. Les mutations consécutives à l’exposition de déchets nucléaires ou autre sont bien présentes dans la culture japonaise avec Godzilla et aussi Akira : encore une piste pour le scénariste qui semble vouloir emmener son récit vers la parapsychologie et les pouvoirs psychiques. Une autre révélation va bouleverser l’équilibre entre les survivants : on attend avec impatience le moment où Takaku, va retrouver Higashiyama et Uehara, la fille qu’il aime sans retour, retenu ailleurs sur l’ïle ! Il y a sans doute autant à attendre d’eux que des secrets de fabrication de l’usine de conserve. Masaya Hokazono oppose freaks et ressentiment humain sur cette île où l’horreur ne semble pas avoir de limite. Réservé à un public averti et friand d’hémoglobine, ce tome 3 de Freak Island relance l’intérêt pour un seinen terrifiant graphiquement et qui se complexifie, certes peut être un peu trop lentement. Si vous avez l’estomac bien accroché et aimez le genre slasher et torture porn, ce manga est pour vous !