Toute cette région était désertée depuis des décennies, pour des raisons qui ne sont pas faciles à raconter. Notre expédition était la première à entrer dans la Zone X depuis plus de deux ans et la majeure partie de l’équipement de nos prédécesseurs avait rouillé, leurs tentes et abris ne protégeant plus de grand-chose. En regardant ce paysage paisible, je ne pense pas qu’aucune d’entre nous n’en voyait encore la menace. »
La zone X est coupée du monde depuis des décennies. La nature y a repris ses droits. Quelques vestiges de civilisation subsistent dans une faune et une flore luxuriantes.
La première expédition décrit une contrée idyllique. La deuxième s’achève sur un suicide de masse. Les membres de la troisième expédition s’entretuent, ceux de la onzième reviennent amorphes et succombent à un cancer foudroyant. Nous suivons la douzième, composée de femmes. Leur mission : cartographier le terrain et ne pas se laisser contaminer par la zone X.
Jeff VanderMeer, auteur de La Bible Steampunk et plus récemment Le Manuel Steampunk nous propose une saga SF (en 3 tomes) très proche du travail de Lovecraft avec une petite pointe de J.J Abrams. Le premier tome est sorti le 10 mars aux éditions du Diable Vauvert. En 2014, le roman a reçu le prix Nebula.
Même si nous sommes en plein milieu d’une nature hostile, l’intrigue est traitée comme un huit-clos et on se sent aussi étouffé et espionné que le groupe de jeunes femmes, envoyées dans la zone X. C’est la biologiste qui raconte son histoire de son point de vue. C’est elle que l’on va connaître le mieux même si au final (et c’est l’un des problèmes du roman) on ne s’attache pas vraiment à elle; en tout cas pas suffisamment. Ce qui est assez stupéfiant, c’est l’attachement du lecteur pour la zone X comme si c’était un personnage à part entière. On en est presque à se demander si le sort réservé aux jeunes femmes n’est pas logique au vu de leur intrusion dans cet habitat jusqu’alors protégé; autonome et vivant.
L’intrigue est longue à se mettre en place: il faut bien attendre 90 pages pour que la dynamique se lance. Mais quand l’histoire démarre, on se retrouve plongée dans une ambiance complètement lovecraftienne; un milieu d’abord mystérieux puis très clairement hostile avec l’apparition du Rampeur, cet être qui écrit des phrases au sens presque mystique sur les murs d’un tunnel abandonné. On pourra aussi mentionner la série Lost puisque l’on retrouve également les codes utilisés dans la série. Comme le show d’Abrams, le dénouement n’est pas très clair. L’enchaînement des dernières séquences est un peu rapide et brouillon. Les différentes pistes lancées par l’auteur pour la suite ne répondent pas à certaines questions et même s’il y a deux autres tomes, il aurait été logique de répondre à au moins l’une de nos interrogations. De plus, les réflexions métaphysiques et philosophiques de la biologiste sur une dizaine de pages plombent complètement la fin de ce premier tome. C’est vraiment dommage!
Si l’on se demande vraiment ce qu’il se passe dans cette zone X et ce qui s’est réellement passé lors des précédentes missions, si la tension est parfaitement maîtrisée et les descriptions toujours justes et ciblées, VanderMeer tire un peu trop sur la corde. Le roman est court (208 pages) et pourtant il paraît un peu long, car certains passages sont trop étirés (comme la découverte du phare).
CONCLUSION
Ce premier tome de la saga Le Rempart Sud est plutôt intriguant et les codes de la SF sont intelligemment utilisés. Il faudra voir le tome 2 en espérant plus de révélations et une narration un peu plus dynamique.
A découvrir également sur Khimaira, l’interview de Jeff VanderMeer !