Image de mort

 

Les ailes sont parfois symboles de messager. Ainsi Iris en était pourvu, elle qui était la messagère de l’Olympe. Thanatos, dieu de la mort, était aussi représenté comme un vieillard barbu et ailé. Cette image de la mort, qui porte un bien sinistre message, existe encore de nos jours sous la forme d’un ange noir par exemple.

Les Tengu
On peut encore voir certaines similitudes avec les striges, en-dehors des mythologies grecque ou romaine. Les Tengu japonais sont des êtres maléfiques qui enlèvent les enfants, mettent le feu aux temples, etc. Ils ont l’apparence d’oiseaux pourvus de griffes puissantes.
Les démons babyloniens se nourrissent également de sang et produisent un venin plus dangereux que la vipère ou le scorpion.
Enfin, les Valkyries nordiques, jeunes filles blondes aux jolis yeux bleus, parcourent les champs de bataille pour désigner ceux qui auront le privilège de mourir au combat, on les imagine parfois sous les traits de créatures-oiseaux.

Etymologie
Le mot striga désigne dès le 6ème siècle, dans l’imaginaire populaire, des sorcières cannibales. La loi salique infligea d’ailleurs une amende à toute striga pour chaque humain dévoré. Une certaine confusion entre cette image de sorcière issue du Moyen Âge et celle du monstre antique a eu pour résultat d’en mélanger les attributs : « Les striges chanteuses avaient tout emporté pendant mon sommeil. L’homme ne peut pas résister au pouvoir des sorcières. Nous sommes le jouet de la destinée ». (Marcel Schwob, Les Striges)

Le saviez-vous ?
Les chouettes, effraies et hibous sont regroupés sous un ordre de rapaces nocturnes appelé « strigiformes »…
Dans son ouvrage, La Trilogie du Minotaure (Editions Le Belial), Thomas Burnett Swann évoque des striges qu’il présente comme étant des hibous-vampires : « Nous fouillâmes la maison, examinâmes la mousse qui recouvrait le sol de la chambre, regardâmes sous les tables de l’atelier. Nous montâmes même sur les bancs avec une lampe et trouvâmes une seconde Stryge, apparemment endormie, nichée au milieu des racines. Avec son duvet brun et lisse, elle avait l’air aussi inoffensif qu’un lapereau, mais je savais qu’elle se nourrissait de sang. Ces êtres étaient si discrets que leurs victimes pouvaient périr sans se douter de rien. Si, dans la forêt, vous trouvez un animal mort sans raison apparente, regardez son cou et cherchez-y la marque laissée par deux crocs minuscules ».

Comme un vampire
Puisque les striges se nourrissent de sang, on aurait tendance à les rapprocher des vampires, monstres plus modernes. Le rapprochement devient troublant lorsqu’on sait que le mot strigoï est pour les Roumains, le terme générique désignant les vampires.
S’ils partagent le goût du sang, les deux créatures ont parfois en commun le fait de voler, d’être pourvues d’ailes. Le vampire les aura tantôt de cuir comme la chauve-souris.
« Je crus tout d’abord qu’Archie avait eu un cauchemar et je tirai les rideaux noirs du lit à baldaquin. Puis je me rendis compte que les rideaux étaient intacts et qu’une chose pareille à du cuir noir était rabattue sur lui et pendait jusqu’au plancher des deux côtés du lit. Cela ressemblait à une grande pire d’ailes, c’était une paire d’ailes et la chose, quelle qu’elle fut, qui grandissait entre elles, bulbeuse, horrible, couverte de fourrure comme un phoque, était vivante, car je la voyais respirer ». (Scott-Moncrief « Schloss Wappenburg » 1948 in Vampires, Dracula et les siens, textes choisis et présentés par Roger Bozetto et Jean Marigny, Omnibus Paris, 1997). Tantôt ce seront de véritables ailes d’oiseau comme pour les striges : « Ses mains étaient des griffes qui me saisissaient et ses vêtements d’Eglise étaient les plumes noires du corbeau ».(Sullivan, Los Ninos de la noche, 1991 in Dernières nouvelles de Dracula, Pockett 9103, 1996).
Avec toutefois une différence notable à savoir que les striges ne sont pas des morts-vivants!

Les striges au cinéma
Côté cinéma, on peut encore voir d’étranges similitudes. L’exemple le plus frappant est sans doute La Prophétie des Ombres (The Mothman prophecies, Mark Pellington, USA, 2001). Un couple a un accident de voiture causé par une silhouette volante. Mais la femme seulement semble l’avoir vue. L’hospitalisation de cette femme révèle une tumeur au cerveau… Après le décès, l’infortuné mari (interprété par Richard Gere) atterrira curieusement dans une ville où des ombres tentent de lui délivrer un message qu’il ne comprend pas. Les « ombres » se déplacent dans les airs… on ne peut que faire le rapprochement avec les stryges… Pour ajouter encore plus de trouble apprenez que ce film est basé sur une histoire vraie qui s’est déroulée à Point Pleasant en Virginie…