Druide, premier roman d’Olivier Peru vient d’être publié aux éditions Eclipse. L’imposant livre d’environ cinq cent pages plonge le lecteur dans un monde médiéval-fantastique où l’on ne trouvera ni nain ou elfe… La présence du fantastique, si elle se fait sentir, reste assez diffuse. Soulignons tout de suite que la très belle couverture est signée de l’auteur lui-même et annonce le ton du roman. Du sang et d’immenses territoires vierges de présence humaine, lieux agréablement décrits…
Suite au massacre d’une cinquantaine de ses soldats à l’intérieur d’une de ses forteresses, le Roi Yllias donne trois semaines tout au plus pour éclaircir le mystère avant qu’il ne déclare la guerre au royaume voisin et éternel ennemi du Sonrygar. L’ordre des druides fait office de médiateur et c’est au fameux Obrigan qu’échoit la tâche de résoudre l’enquête.
On se laisse agréablement mener par l’écriture d’Olivier Peru sans se lasser. L’auteur parvient à faire vivre ses personnages, Obrigan Yslain en particulier, et l’univers qui tourne autour des différents protagonistes.
La première partie du roman tient véritablement de l’enquête. Le personnage principal étaye ses hypothèses et par l’entremise de personnages secondaires, on lit l’intrigue se mettre en place. Les créatures à l’origine du massacre se révèlent peu à peu, tout en faisant ressurgir le passé lointain du continent.
La seconde partie, elle, se détache radicalement de l’enquête pour devenir une fresque épique – ses héros, ses batailles et les ultimes secrets du monde de Druide.
On peut néanmoins déplorer que certaines pistes de l’intrigue ne « vivent » pas jusqu’à leur découverte. Le lecteur s’en doute à l’avance et la révélation ne vient plus que confirmer les présomptions qu’il aura formulé.
L’intertextualité, consciente ou non, à la naissance du roman se réfère à deux types de romans.
D’une part la première partie du roman réfère au Nom de la rose d’Umberto Eco. En effet Obrigan Yslain est un druide avisé et reconnu pour ses capacités. Il est accompagné de ses apprentis et est amené à éclaircir le meurtre dans un huis-clos ; à l’instar de Guillaume de Baskerville menant une enquête avec son protégé dans l’abbaye.
D’autre part la seconde partie, elle, tient davantage de la fantasy – traité d’une manière plus violent dû aux affrontements particulièrement sanglants. La présence d’une force mauvaise, prête à déferler sur le monde, des royaumes unis et désespérés face à l’ennemi commun encadrent le roman dans la lignée de la fantasy.
Cette ambivalence peut plaire ou ne pas plaire, Druide reste cependant d’une très bonne lecture.