Les Orphelins est le premier roman édité en français de Robert Buettner. Il s’agit d’un roman de science-fiction militaire à l’instar du plus connu Starship Troopers de Heinlein.
Dans un futur proche, le premier contact extra-terrestre se fait sur terre. Ceux-ci bombardent la Terre avec des projectiles lancés depuis une lune de Jupiter, Ganymède. Des villes sont rasées et les chocs créent un état d’hiver nucléaire (bien que le mot ne soit pas adéquat ici) sur la planète. Les températures chutent, le ciel s’assombrit et les saisons deviennent mornes. Le personnage principal, Jason Wander, n’est en rien prédestiné à l’armée et va, par un concours de circonstances, s’engager dans l’armée ; puis par une suite d’évènements plus ou moins improbables le personnage va se retrouver catapulté sur la mission qui l’emmènera, lui et des milliers d’autres soldats, sur Ganymède pour combattre les extra-terrestres.
La quatrième de couverture est résolument trompeuse. On s’attendrait plutôt à un récit de batailles et une grande équipée vers Ganymède. Il n’en est rien puisque les deux tiers du roman se concentrent sur « l’avant Ganymède », la découverte de l’armée par le personnage, ses déceptions, ses erreurs et ses réussites. De fait on peine à se demander si il y aura bel et bien une bataille décrite dans le livre. Ce n’est qu’à la fin du roman que le voyage spatial a lieu ainsi que l’affrontement final.
La réussite du roman, dans la lignée de Starship Troopers (Etoiles garde à vous ! pour sa traduction française), plonge le lecteur dans un univers militaire. Le roman se concentre sur les liens entre les soldats, tous orphelins suite aux bombardements et rien ne les rattachant à la planète terre sinon le corps d’armée, leur nouvelle famille. Le roman évoque la fraternité entre soldats et aussi l’amour entre hommes et femmes dans les corps armés. On se laisse bercer par le roman et l’on suit aisément les tribulations de son personnage principal, Jason Wander.
On peut néanmoins formuler quelques reproches au roman, en particulier dans le contexte dans lequel évoluent les personnages. On sait que des villes ont été totalement rayées de la carte (Le Caire, Denver, Indianapolis…) et l’auteur insiste sur le progrès paradoxal de l’homme en temps de guerre. Des années 1970 à 2040 l’homme patine dans la conquête spatiale et la guerre provoque une nouvelle avancée technologique, similaire à celles de 1914-1918 ou 1939-1945. Néanmoins on ne ressent pas assez le danger que l’humain en tant que race encourt. Il est souvent rappelé au lecteur le décor post-apocalyptique et l’urgence de la situation mais le drame de la situation n’existe pas réellement. Avoir placé l’intrigue sur l’infanterie pose des questions – pourquoi l’ennemi nous attaque-t-il sans raison apparente ? mais éloigne aussi d’autres considérations comme l’extinction probable de l’espèce humaine. En d’autres mots le lecteur ne ressent pas assez, ne vit pas le danger qu’encourent les personnages vis-à-vis de la planète.
Au final Les Orphelins reste un bon roman. Si l’on se demande où l’auteur nous mène, à cause à l’inadéquation entre couverture et roman, on se laisse guider jusqu’à la fin. Ce roman ne révolutionne d’ailleurs pas la science-fiction et ce n’est pas son but. Même si la mention tome I présage d’autres tomes à venir, le roman constitue un tout qui n’attend pas forcément de suite et c’est un rafraichissement entre les séries à nombreux tomes.