Suspiria est un film italien réalisé par Dario Argento, sorti sur les écrans en 1977, et constituant le premier volet de la Trilogie des Enfers (ou des Trois Mères, Trilogia delle Madri en italien), précédant Inferno (1980) et La Troisième Mère (La Terza Madre, 2007). Retour sur ce qui fait l’originalité et le succès de ce film fantastique.
Quelques mots en guise d’introduction
Né à Rome en 1940, Dario Argento est un cinéaste italien considéré comme un des acteurs majeurs de la scène horrifique européenne, qui a acquis un succès considérable dans les années soixante-dix, en même temps qu’une réputation mondiale, le gratifiant de « maître de l’horreur » ou encore de « magicien de la peur ». Poète de la pulsion criminelle et esthète du macabre, Argento a réussi a créer avec des films comme L’oiseau au plumage de cristal (L’uccello dalle piume di cristallo) ou Quatre mouches de velour gris (Quattro mosche di velluto grigio) un nouveau cinéma de l’horreur riche en symboles et en sensations fortes répondant au nom de giallo. Ce registre cinématographique, dont Argento est l’instigateur même, tout comme les romans policiers transalpins à couverture jaune (« giallo » signifiant jaune en italien) dont il se réclame, mêle habilement mystères et meurtres, tout en s’inspirant des films à suspense américains auxquels s’ajoutent des scènes gothiques et baroques à la violence très stylisée.
De 1970 à 1975, Argento réalise cinq films, dont quatre gialli qui ont un succès retentissant en Italie et à travers l’Europe, de même qu’aux Etats-Unis et au Japon. Aussi après Les frissons de l’angoisse (Profondo Rosso), dernier film tourné par le cinéaste en 1975 et pouvant être considéré comme un manifeste esthétique du giallo, Argento cherche à innover son cinéma, et décide de plonger dans le fantastique, domaine qu’il avait seulement esquissé avec ses précédents films. C’est pourquoi il marque en 1977 une étape importante du cinéma fantastique avec la réalisation de Suspira, conte de fées moderne aux accents oniriques et angoissants, considéré, plus qu’un classique du genre, comme un des meilleurs films fantastiques de tous les temps aux côtés de chefs-d’œuvre tels que L’exorciste de William Friedkin, ou encore Shining de Stanley Kubrick. Ce film a cela de particulier et de novateur, qu’il rompt avec le schéma classique d’un film fantastique traditionnel. En effet avec Suspiria, nous n’assistons plus à l’émergence d’un ou plusieurs phénomènes dits fantastiques bouleversant l’équilibre d’une situation rationnelle, car nous pénétrons directement et ce dès les premières minutes du film au sein d’un univers surréaliste et inquiétant en même temps que le personnage principal. Relecture angoissante d’Alice au pays des Merveilles, Suspiria est avant tout un film de rupture, dont je vous propose l’analyse filmique.
Un film ancré dans le réel
L’histoire de ce film se base sur les souvenirs de jeunesse de la grand-mère de l’épouse du cinéaste Daria Nicolodi, qui se serait soi-disant inscrite dans une école de musique réputée, où elle y découvrit que l’on y pratiquait des rites de magie noir… Argento part donc du même postulat initial pour réaliser Suspiria, l’académie de danse devenant donc le prétexte de base pour planter le décor de son film. Mais le cinéaste ne s’arrête pas là car il choisit comme théâtre de l’action la ville allemande de Fribourg, ville réputée comme étant un havre mystique et magique dans l’imaginaire collectif. En effet aux côtés de New York et de Turin, Fribourg est une des trois capitales de l’occultisme au monde et abriterait depuis ses origines bon nombre de sectes de sorcières et autres confréries d’alchimistes.
Partant donc d’une expérience pseudo-biographique et d’un mythe populaire, Argento crée avec Suspiria une nouvelle mythologie de l’horreur qu’il développera plus en détail avec les deux volets successifs de sa trilogie. « Suspiria » signifie « soupir » en latin et fait directement référence à « Mater Sospiriorum », la Mère des Soupirs qui est, selon Argento, une des trois sorcières responsables des pires maux de l’humanité. L’appellation « Mater Sospiriorum » ne trouve pas sa place dans la version française du film, mais désigne bien évidemment la reine des sorcières Helena Markos, dont il est abondamment fait référence.
Invitation au royaume du cauchemar
Comme il l’a déjà été dit en introduction, Suspiria est un film à la frontière de plusieurs genres (fantastique, horreur, conte…) qui réussit le pari de s’éloigner des sentiers battus qu’un film d’épouvante classique nous habitue à emprunter. Aucun élément fantastique ne s’impose ici au personnage, c’est le personnage même qui plonge dans le fantastique. Et cela se vérifie dès les premiers instants du film. Suspiria s’ouvre sur un fond noir et sur une musique frénétique et oppressante qui créent immédiatement un climat de tension. Tension qui atteint un certain paroxysme quand le titre du film s’affiche violemment en blanc. Durant le générique les paroles d’introduction servent à contextualiser l’histoire et rappellent la forme narrative d’un conte. Pour l’anecdote, c’est Argento qui parle dans la version originale. On y découvre ensuite le personnage de Susy Banner dans l’aéroport par l’entremise d’une alternance de point de vue. En effet la scène se découpe en plusieurs plans nous révélant à la fois le champ silencieux où apparaît Susy pour la première fois, et le contrechamp du même personnage visualisant les portes de sortie de l’aéroport avec en fond sonore la reprise de plus belle du thème musical d’ouverture du film. La musique, que Susy semble d’ailleurs entendre (et ce ne sera pas la dernière fois) nous donne une impression de présence, une présence presque perceptible. L’ambiance y est réellement inquiétante, cauchemardesque même, et Susy, hypnotisée par la musique n’a pas d’autres choix que celui de se rendre dans l’académie de danse. Seulement en sortant de l’aéroport, elle ne sait pas qu’elle va pénétrer au sein d’une toute autre réalité, étrange et fantastique, même si le déchaînement de tous les éléments météorologiques, tels de sombres présages, devraient pourtant lui mettre la puce à l’oreille (orage diluvien, pluie torrentiel, vent de tous les diables…). Tous les éléments sont contre elle, et chargent le début du film d’une atmosphère lourde de menace, comme si Susy avait basculé dans un terrible cauchemar. Cauchemar qui semble pourtant bien réel si l’on prend en compte le caractère irréel que prend la situation dans laquelle se trouve Susy. Seulement si cauchemar il y a, comment la jeune femme pourra-t-elle s’y prendre pour se réveiller au plus vite ? Les signaux d’alarme que sont l’orage, la pluie, et le vent n’y pouvant rien, Susy n’est donc bien évidemment pas au bout de ses peines, et l’académie de danse, imposant manoir onirique rouge-sang constitue la prochaine étape du cauchemar de Susy. Sous la pluie battante, un taxi conduit la jeune femme jusqu’à l’école où, à peine arrivée, elle aperçoit une étudiante affolée du nom de Pat Hingle crier des mots inintelligibles dans l’interphone pour s’enfuir ensuite dans la forêt. La personne de l’autre côté de l’interphone refuse bizarrement de laisser entrer Suzy qui est contrainte de passer la nuit en ville, s’éloignant pour un temps des dangers de l’école de danse.
Un univers fantastique et inquiétant
Cette immense bâtisse qu’est l’académie de danse, déborde de chambres, de recoins, de zones limites, et de couloirs froids renfermant des individus contrôlés, fabriqués et destinés à être sacrifiés pour que la sorcière Helena Markos puisse traverser les âges. Au milieu de cet univers inquiétant et dangereux, le premier meurtre ne se fait d’ailleurs pas attendre mais contre toute attente, il est commis en dehors de l’académie. Il s’agit d’un double meurtre en fait: celui de Pat Hingle et de son amie. Ce double homicide est le plus violent de tout le film, il annonce sans ménagement la couleur de Suspiria et la sinistre condition des élèves de l’école destinés à être impitoyablement massacrés s’ils dérogent aux règles. Pat Hingle, détentrice d’un secret qui l’oblige à fuir, se réfugie chez une amie, pensant échapper ainsi à la vindicte des sorcières. La reprise du thème musical nous rappelle toutefois que l’on ne peut se libérer impunément de l’emprise des sorcières, et se doublant d’une sinistre présence, la musique agit tel un ensorcèlement auprès de la jeune femme qui n’est plus maîtresse de ses pas. Les yeux rouges, le bras velus sont des matérialisations de la sorcière Helena Markos visant à perturber à la fois le personnage et le spectateur. Au beau milieu d’un climat d’instabilité, advient le premier meurtre, meurtre qui se caractérise par une violence excessive représentée par de rapides mouvements brusques de caméra, ainsi que par de très gros plans de parties du corps prêtes à être lacérées. Cette manière de procéder répond à la nécessité d’établir tout un rituel de l’assassinat qui peut sembler à la fois confus et violent, simpliste et dérangeant, voire même brouillon et morbide. Toutefois ces meurtres justifient leur mise en scène en s’insérant au sein même d’une logique du cauchemar, logique onirique qui aime enchaîner les moments forts, permettant ainsi au film de participer à un cinéma rêvé. Etant donné que les images auxquelles nous assistons durant les phases de meurtres sont plus fortes que les sujets, il ne faut donc pas s’étonner si les soucis de cohérence, de logique, et d’esthétisme sont malmenés.
Mais revenons-en à notre protagoniste. Dès son arrivée le lendemain du double meurtre, Susy entre en désaccord avec Miss Tanner: en effet la jeune femme se heurte à l’hostilité de l’enseignante car elle désire conserver une certaine autonomie en demeurant externe à l’académie. Ce désir d’émancipation est dangereux pour les sorcières, et si jamais Susy cherchait par là même à se réveiller… Quoi qu’il en soit ce désaccord permet à Argento de réaliser une des plus belles scènes du film. L’étrange traversée mystique du couloir par Susy et sa rencontre muette avec le neveu de la directrice adjointe chaperonnée par une grosse dame nettoyant un singulier objet pointu. Les deux personnages sont froids et mystérieux, de même que diamétralement opposés. La grosse dame va même jusqu’à éblouir Susy avec son objet, bien qu’en réalité elle lui jette un sort. Dans le plan séquence où la jeune femme traverse le couloir, son parcours se fait difficilement, car elle est soudainement sujette à malaise et étouffement. Au prix d’une première et rude épreuve, Susy arrive tout de même à franchir le couloir. Cette scène est formidable, car bien qu’elle soit muette et présentant une situation somme toute banale, elle acquiert une force visuelle et émotionnelle terrible étant donné que tout l’appareil cinématographique est mobilisé afin de meurtrir à la fois personnage et spectateur. Encore une fois la musique y est pour beaucoup, mais la mise en scène n’est pas en reste non plus. Argento réussit ici un tour de force en faisant triompher les sens sur les personnages et les spectateurs. Susy sera par la suite incapable de danser, échouant dans son effort de volonté, elle perd la partie face à Miss Tanner qui la contraint à devenir interne.
A l’internat, Susy commence à être peu à peu droguée. L’épisode de pluie d’asticots n’arrive forcément pas par hasard: il s’agit d’un avertissement afin que Susy se réveille. Cette pluie morbide, symbole de putréfaction et de mort en ces lieux n’a pas été prévue par les sorcières. Du coup on aménage un sinistre camp de fortune aux rougeurs de l’enfer. Malgré la soi-disant absence des professeurs, les élèves distinguent des ombres et entendent des soupirs derrière les tentures. Le mystère reste entier, Argento sait ménager son suspense.
Peu après un deuxième élément échappe à la vigilance des sorcières. Le chien du pianiste aveugle agresse le neveu de la directrice adjointe, entraînant le renvoi de son maître qui lance la menace “je suis aveugle mais pas sourd”. Mal lui en cuira. Après une soirée passée dans un bar, notre pauvre homme arrive flanqué de son chien au milieu d’une grande place déserte et ceinte de monuments impressionnants et agressifs. Le personnage éprouve la sensation d’être en présence d’une aura négative, et semble être agressé par la musique qui devient de plus en plus forte à mesure que le pauvre hère panique. Tout porte à croire que le mal surgira d’au dessus de lui car dans un hypothétique contrechamp (alors que l’homme ne peut bien évidemment rien voir du tout), Argento se complaît à filmer le sommet des sinistres architectures de la place et crée un procédé cinématographique hérité d’une technique militaire, afin de faire croire que l’aigle de pierre d’un édifice plombe sur le personnage tout comme le ferait un missile. Mais cela aurait été trop facile pour notre cinéaste, le danger arrive à partir du hors-champ du personnage, à travers un élément que ni le pianiste aveugle ni le spectateur n’a suspecté. Le mal s’est matérialisé dans le chien même du pianiste (possédé par la reine des sorcières) qui se jette à la gorge de son maître. Le spectateur, après l’intense attente qui précède cet assassinat, demeure épuisé par la tension dramatique et diaboliquement étonné par la conclusion de ce suspense effroyable. Argento éprouve les spectateurs en détruisant ici tous leurs points de repères, ce qui les conduit à se méfier de tout. Ce qui est d’autant plus nécessaire car cherchant à créer un effet de diversion propre à lui, Arento fait incarner le mal en un seul et unique assassin pouvant se matérialiser à loisir dans l’entourage immédiat de sa victime, ce qui lui permet de frapper efficacement et de manière inattendue : une grande première pour les spectateurs !
La deuxième victime de l’école sera Sara, l’amie de Susy qui entreprend une enquête sur les pas qui se fond entendre, dans le but de déterminer leur direction. Susy ne peut lui être d’aucune aide, demeurant dans un état apathique en raison de la drogue qui lui est administrée chaque jour. Ne pouvant compter que sur elle-même, Sara comprend tardivement qu’il est trop tard pour agir. Un voile noir lui tombe dessus afin de la déboussoler, suivi presque instantanément d’un filtre vert synonyme d’étrangeté et d’instabilité. L’éclairage rouge derrière une vitre marque le top-départ de la course poursuite. Ayant perdu toute notion de calme ou de discernement, le personnage n’obéit plus à la raison, étant désormais animé par de profonds mécanismes irréfléchis de survie: Sara se piège toute seule dans une pièce remplie de fils barbelés, scellant ainsi son destin d’un sort funeste alors qu’elle aurait pu rester tranquillement en sécurité là où elle se trouvait. En même temps comment peut-on lui en vouloir, l’appareil cinématographique dans son intégralité étant mobilisé pour que Sara franchisse la porte secrète recelant un piège fatal. Ainsi prisonnière d’une image piège, Sara réalise trop tard qu’il lui est impossible de se réveiller de ce terrible cauchemar, la sortie étant pourtant toute proche. Cette emprise des passions sur l’individu en situation de détresse ou d’excitation rend ainsi possible une certaine victoire des sens sur la raison dans le cinéma d’Argento. Seuls les protagonistes ne cédant pas à la panique et agissant de façon réfléchie ont une chance de réussir à s’en sortir. C’est pour cette raison que Susy Banner aura raison des sorcières à la fin du film.
Avec la mort de Sara, cela fait deux personnes disparues au sein de l’école. Il est intéressant de noter que la directrice adjointe se préoccupe des disparitions et entreprend une enquête avec des policiers: tout est ainsi orchestré afin de nous faire douter de ce que nous voyons. Argento émet même l’hypothèse que les filles sont peut-être déséquilibrées: n’apprenons-nous pas d’ailleurs que Sara suivait un psychologue des suites d’une dépression… Toutefois Susy commence à percevoir des choses dans son sommeil, elle cherche à se réveiller. La discussion qu’elle a avec l’écrivain versé dans les sciences occultes sert la narration du film. En plus de nous donner des informations capitales, elle sert à justifier la véracité des évènements vécus par les élèves de l’école de danse. Parallèlement à cela, il est tout aussi intéressant de remarquer que le film ne nous dit pas en quoi les élèves sont utiles dans les plans des sorcières. En effet les gens sont assassinés dans le film car ils ont osé représenter une menace en suspend pour les sorcières. C’est pourquoi n’ayant pu parvenir au terme de leur quête, ils se voient irrémédiablement condamnés à ne plus amais se réveiller. Mais qu’en aurait-il été si chacun s’était mêlé de ses affaires, laissant l’académie de danse, telle une doublure, dissimuler les sombres agissements de ses maîtresses ?
A la fin du film Susy se retrouve seule dans l’académie. Sentant que le danger la guette, elle arrête de manger ce qu’on lui donne. Mais pour se réveiller définitivement, elle sait qu’elle doit percer le mystère de l’école de danse et vaincre les sorcières. A son tour elle entend des pas et entame un jeu de piste qui la conduit directement au bureau de la directrice adjointe. Susy se lance alors dans une quête de l’image, lui permettant d’accéder au sens secret et caché des choses. Apercevant le motif floral représentant un iris bleu dans une glace, Susy, grâce à un effort mémoriel, se souvient des paroles entendues par Pat Hingle au début du film, et sait qu’elle doit les associer à une image juste. Cela a pour effet d’ouvrir un passage secret conduisant au domaine des sorcières. Susy débouche d’abord dans un tunnel où elle s’enfonce peu à peu, découvrant au fil de sa progression des images terrifiantes qui cachées et dissimulées profitent du meilleur moment pour apparaître. Ayant été repéré par les sorcières, Susy se réfugie au hasard dans une pièce qui se révèle être la chambre d’Helena Markos. Au pied du lit de la reine des sorcières, un éclair (traduisant la volonté de Susy qui cherche à se réveiller) fait surgir ici la bonne image en permettant à la jeune femme de visualiser les contours de Helena Markos. Susy n’hésite pas, se saisissant d’une arme elle frappe. Privé de sa tête, l’ordre des sorcières est sans force, d’où l’école qui se fissure et s’écroule, pour finir par prendre feu. Susy a tout juste le temps de fuir sous une pluie purificatrice, produisant un sourire traduisant la joie d’en avoir terminé avec ce cauchemar ainsi que le soulagement de s’être enfin réveillée. Le film s’achève sur l’inscription ironique « Avete visto Suspiria » (« vous venez de voir Suspiria ») où le cinéaste semble se moquer des sorcières, dont les soupirs sont désormais devenus des cris.
Et quelques mots pour finir
Pour conclure, nous pouvons dire que cette première incursion dans le fantastique est une réussite pour Argento. Avec ce film, le spectateur assiste à une évolution stylistique très marquée caractérisée par une mise en scène baroque et un traitement chromatique symbolique et moderne, qui fait que chaque plan peut être décrit comme un tableau pictural à lui seul. D’autre part la musique composée par le groupe de rock progressif Goblin y occupe un rôle fondamental. En effet celle-ci n’hésite pas à mêler des éléments musicaux et des effets sonores associés à des mouvements de caméra subjective (traduisant l’omniprésence de la reine des sorcières) afin de provoquer une ambiance de terreur quasi-permanente (d’où l’impression que les personnages même du film entendent ladite musique). De plus le mélange d’instruments de musique anciens et nouveaux souligne le caractère atemporel de la musique, tout comme la sorcellerie qui remonte aux fonds des âges et permet à Helena Markos de traverser les époques. Puisant dans l’inconscient et le cauchemar, Suspiria est un film fantastique et onirique à l’atmosphère mystique et anxiogène, qui a pour mérite de faire plonger personnages et spectateurs au sein même de ses images afin de les faire participer tous deux à une expérience sensorielle et métaphysique.