Ajjer faisait parti d’un corps d’élite chargé de protéger l’Empereur-Dragon. Mais Ajjer, plus fidèle à ses idéaux qu’à son patron, a tué le dragon devenu sénile et volé son dernier œuf, héritier du trône. Un héritier forcement très convoité, non seulement par les impériaux, mais aussi par la naissante révolution qui s’empare au même moment de la capitale et rêve d’avoir une tête à décapiter.

Dans ce dernier tome, la révolution arrive finalement à mettre la main sur l’œuf. Mais leur armée, sous-équipée et désargentée, pourrait bien tomber face aux poches de résistances impériales. A moins que cet ogre, sous-estimé de tous, ne s’impose comme un sauveur avec tout son or… Mais l’accepter au sein de la République, n’est-ce pas introduire le loup dans la bergerie?

Le Cycle d’Ostruce reste fidèle jusqu’au bout à son concept, une relecture fantastique de la révolution russe. Ce sont ses thèmes qui le dirige, et non son genre, qui n’est de fait pas unique et brasse au contraire tout ce qui peut rendre service à l’histoire: politique-fiction, road movie, action… Cette volonté de ne s’enfermer dans aucun style, courageuse à une époque où le marché préfère ce qui se range dans des petites cases (pas trop nombreuses si possibles, pour ne pas perdre l’acheteur…), permet à l’histoire d’exister à chaque instant, à chaque scène.

Il en résulte une intensité qui tient le lecteur en haleine depuis trois tomes déjà, et qui permet à cette série de se terminer en quatre volumes malgré la complexité de l’histoire – personnages et factions nombreux, enjeux à niveaux multiples…

Prenez une réalisation quasi-impeccable – toujours le graphisme qu’un peu statique de Nicolas Pona très stylé mais qu’on aime ou qu’on n’aime pas, ajoutez un thème original et tenu de bout en bout, et vous obtenez l’une des séries les plus réussies et intéressantes de ces dernières années.