Sorti en salles en mai dernier, Prince of Persia sera disponible en vidéo à partir du 29 septembre. Une fois n’est pas coutume, commençons l’épluchage du dvd par les bonus. A part trois bandes annonces et un petit module ridicule promouvant le support blu-ray « Disney », il n’y a en fait qu’un supplément, un making-of de 15 minutes où interviennent les principaux protagonistes de l’affaire. Le réalisateur anglais Mike Newell n’est pas le mieux loti, il n’apparaît qu’assez peu. Il faut dire que dans une énorme prod hollywoodienne comme celle-ci, à 200 millions de dollars, c’est souvent au producteur et à nul autre que revient le privilège de tresser le plus de lauriers au film. Partenaire de Disney dans cette entreprise, le mogul Jerry Bruckheimer occupe donc le champ pour nous promettre « deux heures d’évasion ». Le dénommé Chad Oman, producteur exécutif, lui succède à l’image pour qualifier Prince of Persia de « beau film d’époque épique » (bravo pour les sous-titres !) et Jake Gyllenhaal, la star du plateau, se déclare ravi d’avoir pu tourner au Maroc parmi les… Marocains, des gens « à la culture géniale ». Bon. On n’apprend donc pas grand-chose, sinon que dans le désert, du côté de Ouarzazate, il y a des scorpions et des serpents (ah ouais ?) et qu’il ne pleut jamais, sauf pendant le tournage du film (et ça, mon vieux, c’était pas de chance).

 

 

Qu’importe ce matériel anecdotique voué à la promo, l’essentiel reste le film lui-même, joli livre d’images orientales où le Prince Dastan (Gyllenhaal), fils adoptif du roi de Perse, au VIème siècle, se démène pour démasquer les assassins de son père et lever les accusations injustes de régicide qui pèsent contre lui. Au cours de l’aventure, il rencontre la princesse Tamina (Gemma Aterton), beauté farouche et gardienne d’une dague magique permettant à qui la possède de remonter le temps…

On songe dans un premier temps aux Contes des Mille et une nuits revisités par Disney. Mickey a déjà fait le coup en 1992 avec Aladdin, premier film en animation 2D à inclure des séquences infographiques (Ben Kingsley, avec sa barbichette de félon, a d’ailleurs tout du clone de Jaffar, et Gyllenhaal — coïncidence amusante — est le portrait craché d’Aladin !). Cela dit, le scénario puise davantage dans le patrimoine occidental que dans la culture arabo-perse. Le vieux roi trahi par son frère usurpateur puis vengé par son fils évoque Shakespeare et Hamlet. Le petit jeu amoureux du chat et de la souris entre Dastan et Tamina renvoie aux facéties des couples mal assortis du cinéma américain, joués jadis par Humphrey Bogart et Lauren Bacall ou Spencer Tracy et Katharine Hepburn. Seule (petite) originalité : l’argument politique de l’histoire — au début du film, les armées perses prennent d’assaut la cité d’Alamut sous un motif fallacieux — est une référence évidente à l’invasion indue de l’Irak orchestrée par le staff de George W. Bush.

Dans la forme, hormis l’opulence chatoyante des costumes et des décors, Mike Newell se risque au détour d’une scène à quelques mouvements de caméra un peu curieux, de brefs panoramiques en vue subjective balayant le décor où évolue Dastan. Difficilement justifiables d’un point de vue cinématographique, ces images viennent rappeler aux spectateurs les racines vidéo-ludiques du film, Prince of Persia étant, à l’origine, un titre développé par Brøderbund pour Apple II. Ces emprunts à la grammaire visuelle des jeux vidéo ne sont pas du meilleur goût, compte tenu du contexte médiéval du film, et ils s’intègrent plutôt mal au montage. Mais bon, ils ne sont pas très nombreux, et je chipote un peu trop, Prince of Persia se voulant avant tout un divertissement — de luxe — pour un public jeune ou familial. Une ambition que le film atteint honorablement.

Lire également ici la critique publiée par Marie Barraillier au moment de la sortie en salles.

Image : 2.35, 16/9 compatible 4/3.

Son : anglais, français, polonais.

Sous-titres : anglais, anglais pour les malentendants, français, portugais, polonais, russe, grec, croate, slovène.

Durée : 111′.

Bonus : making-of (15′).