On ouvre et album à la fois comme quelque chose de précieux à manipuler avec précaution et/ ou avec précipitation tant on trépigne d’impatience d’en découvrir les secrets et merveilles. Pourquoi ? Mais parce que c’est un Dedieu, tout simplement et puis parce qu’une fois de plus c’est une merveille.
Lorsqu’un vicomte ruiné se trouve face à un cerf dans l’allée alors qu’il rentre, c’est le déclic , il se dit qu’il va redevenir riche et régler tous ses problèmes : il lui suffit de créer un zoo. Très vite Monsieur (l’auteur lui même ? Si si regardez bien un petit air …) s’attira les bonnes grâces de toutes ces bestioles au point d’ouvrir les enclos et les cages, une fois les derniers visiteurs partis, et de les laisser en liberté dans le parc et dans la maison. Mais ces intrusions continuelles qui nécessitaient d’être courageux et d’aimer la compagnie des bêtes, provoquèrent la colère de Madame la belle-mère de Monsieur. Elle exigea ainsi et obtint que les animaux une fois libérés se comportent en être civilisés et qu’ils apprennent les bonnes manières. Et c’est ainsi que tout ce petit monde s’anthropomorphisa et rivalisa de tenues, occupations et se transforma peu à peu au point pour certains d’en perdre la boule. Alors le représentant des animaux eut une conversation houleuse avec Madame au terme de laquelle il obtint de protéger aussi l’intimité des animaux dans la journée. C’est ainsi que furent créés des maques qui firent grandir le succès de l’étrange zoo de Lavardens d’où l’on pu repartir avec des photos souvenir et poser parfois avec une manchimpanzé, un aiglion ou autre kangours.
Cet album est génial par l’histoire folle qu’il nous raconte qui de ce qui aurait pu être une banale histoire d’un petit noble ruiné en quête d’enrichissement se transforme en univers fantastique et loufoque. La transformation des animaux, leur humanisation permet à l’imagination particulièrement fertile de l’auteur de s’exprimer et d’ainsi donner libre court à tout son talent. Dès la première double page d’illustration vous allez de toute façon vous sentir comme happés par l’image. Entre dessin et photographie, tout bouge, tout est vivant. Le sépia utilisé donne une vie et un relief tout particulier aux images et aux animaux représentés donnant le sentiment de feuilleter un ancien album de photographies, tellement réussies qu’on a le sentiment que les animaux et les hommes vont bouger et sortir de l’image. Les illustrations en double pages donne relief et profondeur aux reproductions et donneront au lecteur, on pourrait presque dire au visiteur de partager pleinement l’aventure du vicomte de Lavardens. Un album somptueux entre folie des hommes et fantasmagorie animale, pour rêver et dénoncer aussi en passant d’un coup de patte bien senti la folie humaine et sa manie de tout mettre en cage sous le prétexte que les animaux sont différents et qu’ils ne ressentiraient pas la même chose.
Un album essentiel dans la hotte pour petits et grands et pour une fois de plus partager et savourer sans modération aucune tout le talent de Thierry Dedieu : on aime !
Illustrations © Le Seuil Jeunesse / Thierry Dedieu. Merci. Tous droits réservés !