J-1 : dernier jour avant le lancement de l’édition 2010 du Monde du Jeu ! Khimaira vous propose de découvrir pour l’occasion l’envers du décor, et a rencontré Benjamin Goacolou de Gamesfed, responsable de l’organisation du Monde du Jeu.
Khimaira : Pouvez vous vous présenter et nous raconter comment vous avez été amené à organiser le Festival du Jeu Vidéo et le Monde du Jeu ?
Gamesfed : Nous sommes une agence de communication spécialisée dans le jeu vidéo qui existe depuis une dizaine d’année. Nous avons toujours fait de l’événementiel. Il y a une dizaine d’année nous avons créé le Festival du Jeu Vidéo (FJV). La petite histoire, c’est que ce festival est né au sein du Monde du Jeu (MdJ), nous organisions l’espace thématique dédié au Jeu Vidéo au sein du MdJ. Au bout d’un moment, nous nous sommes dit que nous pouvions créer notre propre événement autour du jeu vidéo, et c’est ainsi que le Festival est sorti du MdJ.
Ce départ a vraiment mis un claque au MdJ, qui a commencé à décliner à partir de ce moment et jusqu’à ce qu’on le rachète, en 2008. Nous avons commencé à restructurer le salon et à le rapprocher du FJV, car il y a des synergies évidentes entre les deux. C’était une manière de réamorcer la pompe pour le MdJ…
Khimaira : Est-ce qu’il y a des joueurs autre que jeu vidéo (rôlistes, figurinistes,…) parmi vous ?
Oui! Moi même je suis un rôliste et figuriniste, je connais bien cet univers. Plateau, rôliste, figuriniste et cartes à collectionner : les quatre premières familles de jeux sont au MdJ et ce sont autour d’elles que ce s’est recentré la ligne éditoriale du salon.
Nous pensons que le MdJ ancienne formule a commencé à péricliter lorsqu’il a essayé d’englober des univers très différents comme le manga. Ces univers ne sont pas le coeur de cible des visiteurs qui ne se sont plus reconnu plus dans le salon.
Khimaira : Comment s’est passé la reprise du MdJ ?
La première édition a été très difficile parce que personne ne nous connaissait. Les choses ont été un peu mieux avec la deuxième édition ; nous avons notamment pu intégrer le jeu de société avec l’arrivée d’Asmodée.
Khimaira : C’est vous qui êtes allé chercher Asmodée, ou le contraire ? [NDR : Asmodée avait quitté le MdJ pour fonder son propre salon, la Gencon, en raison de désaccord avec les organisateurs. Ils ont depuis abandonné la GENVON pour retrouver le MdJ]
Asmodée avait monté la GENCON car ils ne se retrouvaient plus dans le salon, et Marc Nounes [NDR : le boss d’Asmodée] voulait qu’il y ait un événement autour du jeu en France. Quand nous avons repris le MdJ, nous avions une autre vision de l’événement, qui change d’ailleurs un peu chaque année avec notre expérience, qu’Asmodée est venu voir la première année. Nous les avons ensuite rencontrés et ils ont décidé d’arrêter leur événement pour rejoindre le MdJ, avec la volonté de fédérer, d’aller tous dans le même sens.
Khimaira : Vous voyez le MdJ come un salon spécialisé, grand public ou les deux ?
Nous pensons qu’il e st possible de concilier les deux, la question étant comment. Les premières années nous nous sommes recentrés sur les core gamers, avec du contenu qui leur parle. Ce n’est qu’ensuite que nous avons ajouté strate par strate des éléments pour attirer un public de plus en plus large.
Dès la première année nous nous sommes ainsi recentrés sur les quatre familles déjà citées, le jeu de rôle, le jeu de plateau, les cartes à collectionner et les figurines. L’un de nos objectifs initiaux était par exemple d’intégrer des jeux s’adressant à un public plus jeune comme les légos – qui existent aussi en jeu de société, ou encore le poker, plus grand public et qui sera d’ailleurs au MdJ.
Il est finalement tout à fait possible d’avoir des animations, des espaces thématiques qui s’adressent aux joueurs (des tournois, des conférences…), et avoir des espaces dont la vocation même est de toucher un public plus large. A nous d’équilibrer les deux, de bien dessiner les zones pour que tout le monde puisse s’y retrouver.
Le recrutement et l’initiation du grand public par un public déjà joueur est aussi l’une des forces du MdJ et du FJV aujourd’hui. Nous voulons en tout cas croire que cette industrie a un contenu assez vaste pour toucher à la fois les joueurs avertis et le grand public.
Khimaira : Comment le contenu du salon évolue-t-il ?
Nous continuons toujours d’évoluer, avec par exemple le jeu dématérialisé notamment sur IPad. Nous devons être le reflet du marché. Nous continuons donc de croitre; l’année dernière il y avait un peu plus de 60 exposants, cette année un peu plus de 90. Tout en restant cohérent avec notre ligne éditoriale : il n’y a pas de manga par exemple.
Khimaira : Travaillez-vous à créer des liens entre les différents espaces, pour orienter les visiteurs entre les stands jeu vidéo, jeu de rôle, jeu de cartes Warhammer par exemple ?
C’est évidement dans notre intérêt car cela créé du dynamisme au sein du salon. Si nous voyons des synergies, nous contactons les exposants. Warhammer est un bon exemple, même si nous regrettons toujours l’absence des figurines [NDR : Games Workshop boude les salons comme le MdJ]. Nous contactons la Bibliothèque Interdite, qui édite le jeu de rôle et les romans, et l’éditeur des adaptations en jeu vidéo, pour leur dire qu’il y a peut être des choses à faire. Nous n’avons pas la main sur le contenu des exposants, mais nous pouvons suggérer. Ca fonctionne pour les univers connexes, mais aussi entre différents genres de jeux. Il y a par exemple un lien évident entre le MMORPG et le JdR.
Nous essayons aussi de rester à peu prêt cohérent sur la disposition du salon. Il y a bien sûr les allés principales qui communiquent, mais on essaye aussi de disposer les exposants à la limite des univers, pour convaincre le public de passer les frontières. Nous sommes très contents, l’année dernière nous avons vu le public bien circuler, même si une partie est déjà un public averti
Khimaira: Comment situez-vous le MdJ par rapport à un salon comme Cannes ?
Nous avons une vocation un peu différente de celle de Cannes. Nous essayons d’être une vitrine pour la préparation des fêtes de Noël. Pour le jeu de société, le MdJ est aussi l’occasion pour les éditeurs de faire essayer leur jeu avant la grande messe de l’Essen. Le tout à Paris, un lieu plus simple d’accès pour les visiteurs et la presse, et dans de très bonnes conditions – nous essayons d’avoir un certain standing sur la structure d’accueil que nous essayons d’améliorer d’année en année.
Nous avons aussi un gros travail de communication vers la presse. Il y a de plus en plus d’accréditations presse, et cette année nous avons plusieurs nouveautés, dont le "Business Lounge", un espace de rencontres entre les exposants et les revendeurs, journalistes ou ludothèques. Ils pourront y organiser des rendez-vous, des tables rondes…
Khimaira : A deux semaines du salon, ce n’est pas trop le rush ?
Nous faisons des bonnes journées, mais c’est nettement moins le rush que l’année d’avant, où nous étions moins dans le rush que l’année d’avant… avec pourtant 50% de stands en plus !
Khimaira : En tout cas il y aura de quoi jouer ; les tables de l’espace jeu de rôle ont déjà toute des parties planifiées par exemple !
C’est bien de voir que la communauté rôliste continue à voir le salon comme un grand rendez-vous. Les éditeurs l’ont bien compris ; Black Book annonce par exemple 17 nouveautés pour le salon !
Khimaira : Combien de personnes travaillent à l’organisation du MdJ?
150 personnes au moins ! (rire) Techniquement nous sommes trois et demi, sachant que l’on profite d’une infrastructure plus large avec le Festival du Jeu Vidéo, où il y a 4 personnes aussi. 7 personnes pas tout à fait plein temps, car il y a aussi l’agence à faire tourner en parallèle, surtout que nous sommes dans les préparatifs des fêtes de fin d’année et qu’en tant qu’agence de communication nous avons beaucoup de travail.
Khimaira : Cette année le prix de Ludothèque de Boulogne Billancourt sera remis sur le salon…
Il sera remis le dimanche en effet. Nous sommes très contents de les accueillir ! L’idée est que sur leur espace, il sera possible de découvrir les 12 finalistes du concours – Le jury lui ne délibéra pas sur le salon, trop bruyant. Il même sera possible de prendre des paris sur le gagnant !
Khimaira : Il était important pour le salon d’avoir son prix ?
C’est une manière de mettre en avant la création et les créateurs. C’est pour ça que nous avons le forum où nous invitons des dessinateurs, des créateurs, des scénaristes…, pour qu’ils viennent s’expliquer sur leur travail. Ce concours répond bien à cette envie de mettre les créateurs en avant.
Ce prix fait donc parti des nouveautés, mais nous avons aussi le premier prix du créateur de costumes de grandeur nature, le trophée du public GROG…
Khimaira : Vous n’avez pas envisagé que le salon ait son propre prix, à l’image de l’As D’Or à Cannes ?
Nous nous sommes posé la question bien sûr. Mais c’est assez délicat car pour l’instant nous essayons humblement de redonner au MdJ ses lettres de noblesses. Nous ne trouvons pas assez fort et fédérateur. Et puis nous sommes ravis de l’association avec la Ludothèque de Boulogne Billancourt !
Khimaira : A quelles autres surprises et événements peut-on s’attendre ?
Cette année nous avons poussé vers le jeu dématérialisé. Il y aura donc des démonstrations de jeux dématérialisés, comme Small World sur IPad sur le stand de Days of Wonder.
Nous avons aussi une arène de combat pour le grandeur nature où il y aura de l’initiation, de la démonstration et même un petit tournoi – tient, c’est la première fois que je l’annonce ça !
Et bien sûr un espace pour espace pour enfants, sans Habba cette année hélas – ils viendront, regarderont pour peut être venir l’année prochaine. Mais nous avons d’autres acteurs qui font du jeu pour les plus jeunes. Les parents pourront venir avec leur enfant sans crainte !
Sans oublier tout le reste, comme le poker qui continue aussi de se développer, avec tournoi et animation, et d’autres surprises que nous dévoilons progressivement, avec 4 ou 5 annonces par jours sur le site ou la page facebook.
Khimaira : Et en dehors du salon ?
Pour la première fois cette année nous avons le off du monde du jeu qui va se dérouler le samedi soir au musée de la carte à jouer à Issy les Moulineaux. Nous sommes très contents de cette association car c’est quelque chose qui nous a beaucoup été demandés. Quand une personne se déplace sur trois jours, il y a certes le salon en journée, mais nulle part où jouer le soir. C’était impossible, pour des questions de logistique, de louer la porte de Versailles la nuit. Il nous fallait donc un autre lieu proche et nous avons trouvé cette association avec le musée de la carte à jouer qui est à deux stations de métro.
Nous avons aussi une soirée médiévale, un grand banquet, un peu plus loin à Bastille. Nous essayons de trouver des animations en dehors du salon pour vraiment faire de ce week-end une grande fête du jeu incontournable.
Khimaira : Est-ce qu’il y aura des tournois officiels – World of Warcraft, Magic… ?
Il y aura des tournois, mais pas d’espace tournoi dédié. L’année dernière nous avions un espace tournoi vide la plupart du temps. Nous l’avons transformé en espace jeux libres. Si vous venez d’acheter un jeu, vous pourrez ainsi l’essayer tout de suite sur place ! L’espace sera fermé à certains moments pour des animations précises. Il y aura par exemple quelque chose sur Lovevraft le samedi
Pour en revenir au tournoi, il n’y aura pas de World of Warcraft cette année car Cryptozoic, qui a repris le jeu, ne sera pas présent. Il y aura du Yu Gi Oh par contre.
Khimaira: Pas Dungeon Twister, dont les compétitions ont été traditionnelles à la GENCON?
Le planning du stand d’Asmodée sera bientôt communiqué. Il faut dire que le salon tombe très prêt des retours de vacances. On sait que c’est difficile. L’année dernière le salon était un peu plus tard, mais une année sur deux il y a un petit quelque chose porte de Versaille qui prend tous les espaces: le salon de l’auto ! Du coup nous sommes obligés d’avancer un peu les dates. On l’avait fait il y a deux ans et ca c’est bien passé, mais c’est vrai que c’est un stress pour les exposants.
Khimaira : Du coup c’est le même week-end que la Fête de l’humanité !
Promis, nous sommes en train de négocier les dates de l’année prochaine et ce sera mieux !