Jeu de rôles médiéval-fantastique par excellence, Ars Magica se déroule dans une Europe (1200 après J.C.) où s’opposent la raison, la magie, le vulgaire, la féerie, l’infernal et le divin. Les joueurs y incarnent des Mages membres d’une Alliance aussi puissante que mystérieuse: l’Ordre d’Hermès. Regroupés en 13 « maisons » adoptant des philosophies propres, les protagonistes de cette Alliance respectent, sous peine de châtiment, un « Code » fondé sur des règles fondamentales. Ces dernières favorisent la coexistence des Mages avec les institutions féodales et religieuses locales qui les considèrent comme des ennemis, dans le meilleur de cas. Les conflits occasionnels entre Mages ou Alliances sont également souvent réglés par les membres de l’Ordre d’Hermès.
Les personnages des joueurs vivent ainsi en profitant de la protection, de l’assistance et du pouvoir fourni par leur « Alliance » au sein de leur « maison ». En contrepartie, les Mages (joueurs ou non) protègent leur « Ordre » de tout adversaire potentiel, tant pour sa survie que pour lui permettre de prospérer dans le temps. Au gré des parties dans l’univers d’Ars Magica, vous écrivez une vaste saga narrative émaillée d’intrigues, d’actions politiques et de quêtes héroïques.
Pour ce faire, les joueurs auront en charge la création de leur Mage, bien entendu, mais également d’un compagnon d’arme (un personnage clé) et/ou d’un servant (un individu de moindre importance mais pouvant s’avérer fort utile selon les situations). Plusieurs méthodes sont proposées dans les règles pour définir ces trois facettes différentes (via un archétype à modifier, par système de répartition de points ou par tirage aléatoire) agrémentées de listes de vices et de vertus pour plus de variétés. Ce trio se joue sur des registres différents en termes de puissance souvent proportionnelle aux enjeux des actions entreprises par l’un ou l’autre.
Ars Magica utilise un système de jeu assez réaliste mais qui mérite de s’y pencher avant de lancer sa première partie. Huit caractéristiques (aux scores variant de -5 à +5) sont associées à des compétences (de niveau 0 à 7) pour définir les grandes lignes des personnages. Le vieillissement des protagonistes fait également partie de la simulation! Pour les jets de dés, ils dépendent de trois facteurs: 1D10, une caractéristique, et une compétence. Le total devant atteindre le seuil de difficulté de l’action entreprise. La magie ne fait pas exception, au détail près, l’utilisation d’un verbe (animer, détruire, créer, etc.) et d’une composante (animal, feu, corps, végétal, esprit) en plus du 1D10.
Bien évidemment, comme l’indique le titre du jeu, le système de magie est très détaillé tout en demeurant plutôt souple. Il est ainsi possible de lancer des sorts de plusieurs manières: habituelle (sorts appris par cœur), lancement des sorts connus en tenant compte de la situation en cours, voire, même, d’en improviser un «à chaud» via une combinaison de mots clés et d’effets. Tout cela sans évoquer l’évolution par l’expérience, d’un point de vue de la magie personnelle (création de sorts ou d’objets, liaison avec un familier, etc.) ou plus générale (enseignement d’apprenti), mais aussi de l’ »Alliance » à proprement parler.
Ceci étant pour le fond.
Concernant la forme, le livre des règles, tout en couleur est très agréable. Les illustrations sont à propos et permettent une immersion dans l’ambiance spécifique du jeu. Il manquerait quelques images pour illustrer le bestiaire, mais rien qui ne soit incontournable à notre époque où Internet permet de se documenter sur l’histoire et les légendes en quelques clics. Les différentes parties sont bien découpées et faciles à retrouver pour une seconde lecture. Le meneur de jeu devra juste s’imprégner suffisamment de l’univers avant sa première partie pour ne pas trop dévier de l’idée directrice.
Pour résumer, Ars Magica est un jeu de rôle à essayer pour son ambiance mi-historique, mi-fantasy, mais, surtout, pour son aspect «magique». Le fait de pouvoir gérer trois types de personnages est également un plus qui ravira les joueurs expérimentés. De quoi vivre des aventures épiques dans un décor réaliste. Bref, une réussite de plus dans le catalogue des Ludopathes!