C’est l’anniversaire du Roi Belmonth au château de Rosentall. Mais c’est aussi la date à laquelle Madragon, le Grand Dragon, choisit de se réveiller, signe de mauvais présages. De fait, c’est aussi la date que choisi Made Trofen, vague parent du roi, pour venir récupérer un trône qu’elle estime sien. Mais si le Roi Belmonth ne peut pas compter sur son incompétent de fils, qui pourra l’aider à sauver le royaume ? La réponse se trouve peut être au sein de la troupe de troubadours venu animer les festivités. Valka, l’une des leurs, accouche en effet au même moment d’un fils, Niko, marqué à jamais par la fureur qui l’entoure à sa naissance…
Moi, Dragon est la nouvelle série du dessinateur/scénariste Juan Gimenez. Cet auteur complet, qui dessine même en couleurs directes, a atteint un nouveau stade de notoriété en dessinant la Caste des Métabarons, sur un scénario d’Alenjandro "Stan Lee" Jodorowski. Si cette collaboration a failli finir prématurément – il a été question un temps de remplacer le dessinateur jugé trop lent par Jodo – elle n’en marquera pas moins son œuvre future.
La preuve en image avec ce Moi, Dragon, où ressurgissent dans un cadre cette fois fantaisie les thématiques de filiation et de destin au centre de la Caste. Niko, le fils de Valka, est naturellement promu à une vie hors norme et assure même la narration en voie off tout du long : au moins comme ça le lecteur est averti dès le début…
… et subir en connaissance de cause une narration dont la lourdeur se révèle tout ce qu’il y a de plus pénible. L’omniprésence de ce narrateur qui n’est pas encore né pose un cadre mythologique aux enjeux tels qu’il écrase les personnages et leurs histoires. Les intrigues liées à la succession du roi, plus personnelles, ne font ainsi guère mieux que d’être vagues.
Tout n’est pas pour autant à jeter dans ce premier tome de Moi, Dragon, qui possède un potentiel certain. Mais comme embarqué dans une direction qui ne lui ressemble pas, le talent évident de Gimenez n’arrive pas à exploser, à faire preuve de cet inventivité qui participa au succès de nombres de ses autres créations… comme la Caste des Métabarons, dont l’héritage n’est décidément pas facile à porter.