En ce moment, quand on parle de remake, on ne pense pas forcément qu’à des réussites. Mais ici, Sam Raimi a su trouver un digne successeur à qui passer le flambeau en la personne du réalisateur uruguayen Fede Alavarez. Dans cette version 2.0, l’histoire se centre sur la jeune Mia (Jane Levy) qui veut plus que tout réussir à se désintoxiquer. Pour ce faire, elle va se rendre avec son frère David (Shiloh Fernandez) et trois autres amis dans une cabane familiale perdue dans les bois. Tout se passe bien jusqu’à la découverte et la lecture d’un passage d’un livre maudit gardé dans la maison. Alors, certains démons vont pointer le bout de leur nez.
La première scène du film m’a fait un peu peur, mais pas forcément comme je l’aurais souhaité. On voit une femme marchant lentement, du sang coulant sur les jambes, le visage noir de crasse, le regard perdu dans le vide. Me suis-je trompé de séance ? Est-ce bien un remake ou une suite cachée ? À peine ai-je le temps de trouver quelques bribes de réponses que le titre du film apparait. Mais bon comme on dit, wait and see, cela ne fait que 10 minutes que le film a commencé.
La première partie de film reprend vite les pas de l’Evil Dead original. On retrouve un groupe de cinq amis se rendant dans une maison perdue dans les bois, le tout tournant autour de la jeune Mia. En se centrant ainsi sur son addiction à la drogue et sa tentative de désintoxication, le cinéaste uruguayen nous donne une profondeur inattendue pour un Evil Dead et qui plus est, pour un film d’horreur en général. Cela est plus que bien venu, les personnages prennent de la consistance, nous permettant ainsi de rapidement nous y attacher. Les premiers événements de l’histoire misent beaucoup sur les jump scares et ça reste très convaincant. Alavarez continue ensuite de marcher sur les traces de Raimi en reprenant un humour noir décapitant (sans mauvais jeux de mots), sans pour autant virer dans le burlesque du premier opus.
La deuxième partie, en revanche, nous fait vivre des moments de joie intenses à tout bon fan de l’horreur. Là, ce n’est plus juste de l’épouvante et quelque scène de sursaut que vous allez voir, mais bien du gore. Et quand je dis gore, je parle d’hectolitres de sang. Ça gicle dans tous les sens, nous offrant des scènes parfois à la limite du soutenable (je pense notamment à une main, je vous laisse découvrir la suite). Rien n’est gratuit et rien n’est réalisé en effet de synthèse, et cela nous montre que de vrais artisans du cinéma existent encore et nous offrent un travail fait à la sueur et au sang, prouvant aux plus gros producteurs de cinéma que les réalisations faite avec passion existent encore. Quant à la fin, je vous laisse le plaisir de voir cette machine infernale mettre les gaz et vous déployer un spectacle à la hauteur de celui offert par le final de The Descent, voire même mieux.
Côté technique, la photographie vous en mettra plein les yeux. Tout est sombre, glauque, voire poisseux, vers la fin. Tous les plans sont soignés, travaillés. De nombreux clins d’œil jalonnent le film et vous feront sourire : la scène des branches d’arbres, le démon de la cave, et j’en passe. Le summum va arriver avec le plus bel hommage rendu par un jeune réalisateur à son maître. Lors d’une séquence, Fede Alvarez va réussir à recréer exactement le plan de l’affiche promotionnelle du premier Evil Dead, avec Ash tenant sa tronçonneuse face à des mains squelettiques sortant du sol. Cet ultime hommage nous montre quel amour a su insuffler l’Uruguayen dans son long métrage. On voit ici toute la passion qui habite ce nouveau talent du cinéma. On a envie d’en voir encore tant c’est fort. Le seul bémol pour moi serait qu’il n’y pas dans ce remake de personnage aussi charismatique que Ash, mais comment réussir à créer une fois encore un tel personnage sans sombrer dans la pale copie ? À la place, voici un film d’une grande qualité, montrant que le cinéma d’horreur a encore de très beaux jours devant lui.
Sorti le 8 mai 2013.