Le Grand Livre des Esprits de la Nature s’ouvre comme on part en voyage à travers le Monde. Chaque page tournée est une aventure dans un pays, dans une région, à la rencontre d’un être féerique. Avec ses 1150 noms répertoriés, cet ouvrage se place directement au sein des essentiels de toute bibliothèque féerique. Rencontre avec Richard Ely qui en signe le texte…
Qu’est-ce qui te passionne chez les fées, les lutins ?
Pour tout te dire, je suis tombé dedans quand j’étais petit. J’habitais un village belge connu pour être un centre nerveux de l’étrange avec son célèbre sabbat des sorcières mais surtout avec cette atmosphère particulière que lui a imprégné un artiste répondant au nom de Watkyne. Ce peintre, illustrateur, sculpteur a parsemé la région d’êtres surprenants dont déjà des nutons, dragons, etc. Il y a même une effigie de Pierre Dubois chez nous !
C’est donc le côté imaginaire qui te plaît ?
Oui, l’imaginaire mais aussi l’idée de Nature et de croyance. J’aime beaucoup d’une part les folklores liés à la Nature, aux végétaux et les croyances qui en sont issues ou en sont à l’origine. Etudier les fées et lutins, pour moi, c’est un parcours initiatique, un vrai cheminement pour apprendre à connaître notre Monde.
Pierre Dubois, c’est quelqu’un qui a beaucoup compté pour toi ?
Et qui compte toujours beaucoup. On s’est croisés de nombreuses fois durant mon parcours. Il a été l’un des premiers à s’intéresser à l’aventure alors débutante de Khimaira, le premier à s’emballer pour Trolls & Légendes. Pierre est une âme généreuse. Et comme de nombreuses personnes, c’est son travail qui m’a orienté vers la féerie. Ça et la lecture de Faeries de Brian Froud et Alan Lee. Leurs univers correspondaient à ma vision de la Féerie, une Féerie proche du Royaume des Morts, une Féerie rude et remplie de croquemitaines, une Féerie issue du même terreau mythique et folklorique qui a vu naître le courant fantastique en littérature, qui a donné les Jean Ray, Claude Seignolle, Thomas Owen… J’aime cette idée…
Pourquoi avoir mis dans le titre « esprits de la nature » plutôt que fées, elfes, etc. ?
Tout simplement parce que ce livre-ci s’attache aux êtres féeriques liés à la Nature. Un autre suivra, plus proche des hommes et du foyer. Mais pour celui-ci, je voulais plonger au cœur des croyances et folklores pour remonter au plus près de la source des fées. Car ces Esprits de la Nature, à l’origine, veillaient sur un bois sacré, sur une source, une rivière et cela bien avant de venir fleurir les contes et se découvrir sous les traits habiles des illustrateurs de tous temps. « Esprits de la Nature » me semblait à la fois plus large et plus précis pour le sujet de mon livre.
C’est vrai que les fées et lutins sont des personnages qui inspirent les artistes. Ton livre est d’ailleurs illustré lui-aussi avec un style qui s’éloigne du mainstream que l’on connaît en fantasy…
C’est vrai. Frédérique Devos, l’illustratrice du livre, est une personne qui vit véritablement la féerie. Une chance que nos chemins se soient croisés. Son inspiration, elle la puise dans la Nature, tentant de donner une image différente, oscillant entre l’imaginaire pictural existant et l’invisibilité des fées et lutins. Ses illustrations ont quelque chose d’insaisissable qui me plaît beaucoup.
Mais je rebondis sur le mot « fantasy ». Le Grand Livre des Esprits de la Nature n’est pas un livre de fantasy. C’est le résultat d’une vraie recherche sur l’origine des fées et lutins, enrobée de poésie et d’imagerie, mais rien n’est inventé !