Lorsque Oscar Diggs, un petit magicien de cirque sans envergure à la moralité douteuse, est emporté à bord de sa montgolfière depuis le Kansas poussiéreux jusqu’à l’extravagant Pays d’Oz, il y voit la chance de sa vie. Tout semble tellement possible dans cet endroit stupéfiant composé de paysages luxuriants, de peuples étonnants et de créatures singulières ! Même la fortune et la gloire ! Celles-ci semblent d’autant plus simples à acquérir qu’il peut facilement se faire passer pour le grand magicien dont tout le monde espère la venue. Seules trois sorcières, Theodora, Evanora et Glinda semblent réellement douter de ses compétences…
Grâce à ses talents d’illusionniste, à son ingéniosité et à une touche de sorcellerie, Oscar va très vite se retrouver impliqué malgré lui dans les problèmes qu’affrontent Oz et ses habitants. Qui sait désormais si un destin hors du commun ne l’attend pas au bout de la route?

Après Alice de Tim Burton, qui n’a pas fait l’unanimité, le nouveau film live de Disney est une réussite incontestable ; d’ailleurs le box-office ne s’y est pas trompé!

Le renouveau d’un classique

Si l’on connaissait bien Le magicien d’Oz, on n’avait jamais vu à l’écran l’arrivée du magicien au pays d’Oz. Disney reprend l’univers de Baum tout en y ajoutant une patte, certes très hollywoodienne, mais qui fonctionne avec cet univers féerique, coloré et décalé. Le film reprend une partie de la noirceur existant déjà dans Alice. On trouve une partie d’Oz dévastée par la méchante sorcière, comme le village de porcelaine. Séquence dans un cimetière, poursuite dans la brume par des singes volants agressifs… L’ambiance est parfois sombre pour venir contraster avec les décors très lumineux et colorés de la Cité d’Émeraude par exemple.

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Le scénario est basé sur une structure classique de conte de fées avec une quête du héros, une bonne fée (ici bonne sorcière) et une méchante sorcière qui n’est à la base pas si méchante que ça… Ce choix judicieux dans l’évolution de l’antagoniste marque une nette différence avec les autres films Disney, ainsi que le peu de « matraquage » d’une morale bien-pensante. L’histoire étant plutôt linéaire, l’intérêt réside finalement dans les personnages.

Oscar Diggs est un magicien show-man un peu trop sûr de lui, plus intéressé par l’argent que par la qualité de ses représentations. Après avoir échappé de peu à une violente empoignade par l’un des employés de la foire dans laquelle il se produit, Oscar se retrouve bien malgré lui pris au piège dans une tornade. Il découvre le pays d’Oz dans lequel il s’échoue. On le prend alors pour le magicien sauveteur du pays d’Oz face à la terrible sorcière. Oscar a bien du mal à faire comprendre qu’il ne possède aucun pouvoir, mais seule Glinda, la gentille sorcière, pense qu’il possède en lui les ressources nécessaires pour libérer son peuple. Plus que la magie ou les pouvoirs, le film se concentre sur les illusions, seuls tours que connaisse Oscar. C’est l’arrivée du cinéma dans le monde réel, média qu’au pays d’Oz on ne connaît pas et qui fera passer Oscar pour un véritable enchanteur, un peu comme Méliès. James Franco apporte l’humour nécessaire pour éviter que le film ne tombe trop dans le pathos ou la noirceur. Ainsi, il permet de se déconnecter de temps en temps de l’intrigue dramatique.

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Glinda est un peu comme la Reine Blanche dans l’Alice de Burton. Ultra gentille, délicate, féminine et niaise, elle trouve la bonté dans tout et tous, mais elle sait quand même se battre ! Je trouve que ce côté too much fonctionne très bien grâce notamment à une belle interprétation de la part de Michelle Williams gracieuse et douce. Anne Hathaway avait choisi le même type de jeu pour Alice, incomprise de tous et considérée comme un mauvais rôle. Dommage, car ces choix judicieux permettent justement une certaine parodie du conte classique tout en respectant les codes.

Glinda représente la figure de la bonne marraine dont tout conte traditionnel a besoin. Elle est l’image « girly » du film !

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Theodora est sans aucun doute l’un des meilleurs personnages du film. Brillamment interprétée par Mila Kunis, le personnage évolue au fur et à mesure. Les sentiments de Theodora pour d’Oscar vont modifier aussi bien son caractère que son destin. Une antagoniste complexe et touchante. Sa transformation physique est bien amenée, car on reconnaît dans la sorcière l’ancienne jeune fille qui rêvait à un monde meilleur.

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Le meilleur personnage secondaire du film est China Girl, la petite fille de porcelaine. Orpheline et sans village, elle va s’attacher à Oscar. En l’aidant, alors qu’il n’a pu le faire avec une petite handicapée assistant à son spectacle de foire, il va faire un pas dans l’acceptation de ce nouveau monde. Tout en étant attendrissante, China Girl est combative et drôle ce qui apporte des scènes tout en finesse.

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Déception pour Evanora interprétée par Rachel Weisz, beaucoup moins convaincante que ses deux collègues. Elle en fait trop et son personnage est peu développé. On se demande même parfois ce qu’elle fait là. Le pouvoir maléfique et la tentation qu’elle exerce sur sa sœur Theodora sont mal gérés et on ne croit pas vraiment qu’une jeune fille subtile comme Theodora se laisse avoir ainsi.

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Un parallèle est fait entre le monde réel et le monde d’Oz. Ce qu’Oscar ne pouvait réaliser ou ce pour quoi il était hué, se transforme dans ce nouveau monde en une chance inouïe de prouver de quoi il est capable. Sa maîtrise de l’illusion devient la meilleure solution pour contrer la méchante sorcière et ses singes sans utiliser la violence. Astuces et tours de passe-passe sont présentés ici comme des idées positives permettant d’éviter le combat. Un peu de jugeote est parfois plus important que les muscles ! D’ailleurs, Oscar est un trouillard, voire un lâche, qui ne libère le peuple d’Oz qu’en mettant à profit ses faiblesses. Celui qui deviendra le Magicien d’Oz n’est donc pas un héros-chevalier, aux valeurs morales et aux saintes aspirations.

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La musique de Danny Elfman, reconnaissable dès le générique, finit de poser la touche envoûtante du film.

Un pays merveilleux

Après Alice ou Blanche-Neige et le Chasseur, Disney nous régale de nouveau avec une superbe 3D relief. La technique sert ici réellement le film et nous entraîne dans quelques séquences immersives assez jouissives.

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Les décors sont maîtrisés : c’est beau, coloré, parfois sombre, mais toujours enchanteur. L’univers a été bien pensé même si on ne voit pas tout le pays d’Oz. Pays d’Oz qui aurait d’ailleurs très bien pu être imaginé par Burton tant on reconnaît ici le style du cinéaste…

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La séquence d’introduction en noir et blanc reste la merveille du film, la trouvaille la plus étonnante. Une quinzaine de minutes de pur bonheur entre un générique type pop-up années 20 et l’ambiance des foires américaines de l’époque avec ballerines, boîtes à musique et freaks. Un régal !

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La séquence de la tornade est terrifiante et techniquement impeccable pour de la 3D relief. Une immersion totale dans cette violente tempête qui va nous faire passer, de façon presque invisible, du noir et blanc à la couleur.

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CONCLUSION

Le Monde Fantastique d’Oz est un très grand Disney live mêlant habilement modernité et conte de fées. Une plongée merveilleuse dans un univers fantastique au rythme d’une bande-son admirable. On regrettera le manque de développement des relations entre les sorcières et les quelques raccourcis scénaristiques. Mais au final je ne peux que vous conseiller d’aller passer quelques temps au pays d’Oz ! A quand une suite…?