Au rayon des nouveautés direct-to-dvd, vous trouverez dès mercredi ce The Baytown Outlaws avec sa jaquette « grindhouse » qui fait comprendre d’entrée de jeu qu’on a affaire à un copier-coller des films du duo Robert Rodriguez-Quentin Tarantino. Dans le Sud profond (en Alabama, pour être précis) végètent les frères Oodie — Brick, McQueen et Lincoln. À l’aise avec les gros calibres, ils vivent de « contrats » qu’ils exécutent avec parfois un peu de trop de décontraction. Un jour arrive Celeste, une chica en santiags qui leur propose un joli paquet de billets verts pour aller récupérer Rob, son filleul retenu par Carlos, l’ex de madame, un type du genre énervé à la tête d’un trafic de drogue. Les frangins ne se font pas trop prier, ils ne mettent pas longtemps à mettre la main sur le gamin. Dans l’opération, les trois balourds oublient de régler son compte à Carlos, qui va envoyer aussi sec une tripotée de tueurs à leurs trousses…

Du cinoche d’exploitation en plein territoire sudiste. Les drapeaux confédérés sont partout, le soleil cogne, et une version du film en odorama nous remplirait les naseaux d’effluves de bière et de vieille sueur. On ne lâche pas d’un inch les frangins Oodie, dont l’équipée sauvage jusqu’au Texas sera comme il se doit jalonnée de cadavres. Sur une échelle de la vraisemblance scénaristique graduée jusqu’à 10, leurs aventures feraient tout juste grimper le curseur à 2 : le trio commence par essuyer les assauts d’une bande de putes tueuses (menée par Zoë Bell — Tarantino again !) qui ne prennent même pas la peine de quitter leurs oripaux du bordel pour partir à l’attaque. Les filles tombent sur la couenne des héros en deux minutes montre en main (c’est tout petit, le Texas !), il en ira de même pour les suivants, une tribu de gangstas-rastas qui trace à la route dans un gros camion noir, ainsi que pour les derniers, des indiens amateurs de scalps qui s’amusent encore avec des arcs et des flèches.

Les raccourcis surprenants du script ne plaident pas en la faveur de ce premier long métrage de son réalisateur, un certain Barry Battles, et il en va de même pour le parti pris qui consiste à mettre en vedette sur l’affiche Eva Longoria et Billy Bob Thornton, deux produits d’appel qui n’apparaissent que quelques minutes à l’écran et n’ont pas dû passer plus de trois jours sur le plateau. Si le film parvient malgré tout à susciter un peu d’intérêt, c’est grâce à son casting de mâles musclés en t-shirts dégueus — Clayne Crawford, Travis Fimmel, Daniel Cudmore. Purs spécimens de l’Amérique « white trash », les frères Oodie deviennent plutôt attachants quand l’histoire leur colle entre les pognes le destin de Rob, le fameux filleul, 17 ans, muet et paraplégique (joué par Thomas Brodie-Sangster, vu dans Nanny McPhee, dans Hideaways d’Agnès Merlet, et à l’affiche de la troisième saison de Game of Thrones). Entre deux fusillades correctement shootées en Cinémascope mais assez vite pliées, The Baytown Outlaws prend des allures de « trois hommes et un fauteuil roulant », avec des parenthèses au caractère enfantin qui s’avèrent assez touchantes (précisons aussi que le plus costaud des trois frères, muet lui aussi, s’exprime au moyen d’une « dictée magique » hors d’âge !). Au final, un film inoffensif, donc, jamais vraiment ennuyeux, mais dont l’argument reste tout de même trop anecdotique pour justifier les 15 euros d’achat du dvd.

 

Dvd et blu-ray disponibles à partir du 3 avril 2013 (Universal Pictures).